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Trop peu de femmes savent que l’alcool augmente les risques de cancer du sein
C’est presque un lieu commun: l’alcool est dangereux pour la santé. Mais si ses effets délétères pour le foie et le risque d’addiction sont désormais bien identifiés, tous ses méfaits sont loin d’être connus du public. Ainsi, rares sont les personnes qui savent que la consommation d’alcool augmente le risque de cancer du sein, selon une étude publiée en mars dernier dans le British Medical Journal.

Sur les 205 femmes interrogées par des chercheurs de l’université de Southampton (Royame-Uni), seuls 20% ont cité l’alcool comme facteur de risque. Bien que l’étude soit de taille modeste, elle montre bien que ce risque est assez méconnu. Et pourtant, il est loin d’être négligeable: sur les 28.000 cas de cancers imputables à l’alcool diagnostiqués en 2015 en France, 8100 étaient des cancers du sein, selon Santé publique France.


Cancérigène avéré
«Consommer un verre d’alcool par jour augmente le risque de développer un cancer du sein de 10%», souligne Catherine Hill, épidémiologiste et biostatisticienne. «Ce n’est pas l’abus qui est dangereux pour la santé, c’est l’alcool tout court!», martèle la chercheuse, spécialiste de l’étude de la fréquence et des causes du cancer.

Depuis 1988, l’alcool est en effet officiellement identifié par le Centre International de la Recherche contre le Cancer (CIRC) comme cancérigène avéré. Il est notamment impliqué dans les cancers de la cavité buccale, du pharynx, de l’œsophage, du foie, du colon/rectum et du sein. En outre, plusieurs études ont montré qu’il n’existe pas de niveau de consommation sans risque. Ainsi, même les «petits» consommateurs ont un risque supplémentaire de développer l’un de ces cancers par rapport à un non-buveur.


L’alcool s’attaque à l’ADN
En quoi l’alcool est-il cancérigène? «Une part importante de l’éthanol ingéré accède au système sanguin, se diffuse dans la poitrine où il est converti, comme partout ailleurs dans l’organisme, en acétaldéhyde […]», explique une étude du CIRC publiée en 2014. L’acétaldéhyde est un produit de dégradation de l’alcool fabriqué par le foie. Ce n’est que sous cette forme que ce dernier peut éliminer l’alcool de l’organisme. «L’acétaldéhyde est capable d’induire des délétions sur les brins d’ADN ou encore des aberrations chromosomiques», indique encore l’étude du CIRC. En clair, l’alcool, une fois transformé en acétaldéhyde, va perturber l’ADN et ainsi favoriser le développement de lésions cancéreuses. «L’alcool peut également induire un changement métabolique, du stress oxydatif, des inflammations qui sont un environnement propice aux cancers», ajoute le Dr Suzette Delaloge, oncologue à l’Institut Gustave Roussy.

Tous ces mécanismes sont assez bien identifiés et pourtant, le risque reste sous-estimé, voire totalement méconnu du public. «Les résultats de l’étude britannique ne sont pas étonnants», affirme le Dr Delaloge. «D’un côté, il y a une sorte de déni de la part des gens. De l’autre, il y a peu d’impacts de ce genre de messages préventifs sur les comportements», juge le médecin. «Les gens sont inondés de messages alarmants. Ils ne voient pas l’importance du tabac et de l’alcool sur les cancers», déplore pour sa part Catherine Hill.


Des campagnes de sensibilisation qui tombent à l’eau

Habituellement, les campagnes de sensibilisation ne parlent quasiment jamais de l’impact de l’alcool dans la survenue d’un cancer, et visent surtout les comportements à risque. Une campagne de Santé publique France lancée en mars 2019 s’est par exemple attachée à donner des repères de consommation («moins de 2 verres par jour et pas tous les jours»). Le risque de cancers a été mentionné brièvement, sans pour autant être mis en avant dans la campagne. Les auteurs de l’étude britannique en sont convaincus: «Toute opération visant à réduire la consommation d’alcool devrait avoir des conséquences positives pour la population féminine.»

Source: Le Figaro