Au terme d’une finale longtemps cadenassée et d’une féroce intensité, les Springboks ont dominé le XV de la Rose (32-12) pour rejoindre les All Blacks au nombre de titres mondiaux.
Le choc s’annonçait brutal. Et ça n’a pas manqué. L’Afrique du Sud a remporté, samedi, la neuvième Coupe du monde de rugby de l'histoire, en s’imposant tout en force face à l’Angleterre (32-12). Tombeur des All Blacks doubles champions du monde en demi-finale (19-7), le XV de la Rose n’a pas réussi à confirmer au match suivant. Dominés physiquement, secoués en mêlée et beaucoup trop indisciplinés, les joueurs d’Eddie Jones sont passés à côté du rendez-vous et ont fini par concéder deux essais après l’heure de jeu. Les Boks, dans leur traditionnel rugby de défi physique à outrance, ont écœuré l’Angleterre. Un large succès qui ne souffre d’aucune contestation.
Dès le début du match, les supporters anglais - qui avaient copieusement garni les tribunes du Nissan Stadium de Yokohama - entamaient leur célèbre «Swing Low, Sweet Chariot» mais leurs protégés se mettaient à la faute d’entrée et, chose rare, Pollard manquait une pénalité dans ses cordes (2e). Pas de minute d’observation entre les deux finalistes, place direct au combat. Sinckler, après un choc avec son coéquipier Itoje à la suite d’une percée de Mapimpi, était obligé de quitter la pelouse sur civière (3e), remplacé par Dan Cole. Les Boks prenaient alors d’assaut le camp anglais, Pollard était impeccable sous une chandelle qu’il avait tapée (6e), le XV de la Rose pliait mais ne rompait pas. La puissance sud-africaine, en mêlée, en défense et quasiment dans tous les impacts, perturbait considérablement les joueurs d’Eddie Jones, qui concédaient une nouvelle pénalité, face à leurs poteaux. Cette fois, Pollard ne tremblait pas (0-3, 10e).
Pluie de blessures et de pénalités
Preuve que la machine anglaise était déréglée, Ben Youngs ratait totalement sa passe (11e) sur la première incursion de son équipe dans le camp adverse, l’alignement de la Rose perdait une précieuse munition (15e) et la mêlée était pénalisée (17e). L’Angleterre se réveillait enfin et, après un enchaînement de percussions devant les 22 m sud-africains, obtenait à son tour une pénalité. L’action faisait des dégâts : Mbonambi sortait sur commotion et De Jager, lui, était obligé de quitter le terrain, épaule déboîtée sur une charge de Billy Vunipola. Et Ford enquillait trois points (3-3, 23e). Réponse immédiate de Pollard (3-6, 26e), après une nouvelle pénalité contre Dan Coles en mêlée, en grande souffrance (pénalisé deux fois en première mi-temps).
Il fallait attendre la demi-heure de jeu pour voir un véritable temps fort des Anglais. Ils pilonnaient alors la défense des Boks, sans trouver la faille, mais réussissaient à obtenir une pénalité. Sans souci pour Ford (6-6, 35e). Les Boks ne se désunissaient pas, toujours aussi solides et impressionnants physiquement, tentaient quelques coups et Pollard, juste avant la pause, creusait un bel écart (6-12) en passant deux pénalités (39e, 40e+3). Et, au retour des vestiaires, l’étau Bok ne se desserrait pas. Toujours aussi solide et imperméable. Et, après que la mêlée anglaise s'est encore faite pénalisée, Pollard poursuivait sa belle moisson (6-15, 46e).
L’entrée de Joe Marler, à la place de Mako Vunipola au poste de pilier gauche, permettait aux Anglais de redresser la barre dans ce secteur et d’obtenir une pénalité que Farrell passait des 40 m (9-15, 52e). Chaque faute commençait coûter cher. Relance ratée de Pollard, grattage de Curry et nouvelle pénalité des 40 m à droite pour Farrell (55e). Ratée, cette fois… Les Boks, eux, continuaient d’appuyer en force et Pollard redonnait de l’air aux siens en face des poteaux (9-18, 58e). Chaque action donnait lieu à une pénalité. Renvoi anglais, faute de la défense sud-africaine. Trois points de Farrell (12-18, 60e). Etouffant. Nouvelle tentative lointaine - de plus de 50 m - de Pollard et deuxième échec (64e).
Et les Sud-Africains, à force d’insister, finissaient par faire sauter le verrou anglais, Mapimpi marquant après un joli coup de pied à suivre pour Am, qui lui remettait instantanément le ballon (12-25, 67e). Imparable. L’arbitre français Jérôme Garcès demandait la vidéo pour voir s’il y avait un en-avant au début de l’action, mais il accordait finalement l’essai. Après deux finales de Coupe du monde remportées sans marquer d’essai (1995 et 2007), les Springboks parvenaient enfin à en inscrire un lors du dernier match. Et Cheslin Kolbe, d’un coup de génie dont il a le secret, doublait même la mise pour les Sud-Africains (12-32, 75e). Superbe. La défense anglaise lâchait alors de toutes parts…
Les Springboks comme les All Blacks
Bien plus solide et dominatrice physiquement, l’Afrique du Sud a fait plier l’Angleterre à l’usure. Avec ce troisième sacre mondial, les joueurs de Rassie Erasmus, arrivé au chevet de cette équipe début 2018, égalent le nombre de titres des All Blacks (1987, 2011 et 2015). Le tout en n’ayant pas disputé les deux première éditions des joutes mondiales à cause de l’apartheid. L’Angleterre, qui alignait la plus jeune équipe de son histoire en Coupe du monde, peut capitaliser pour la suite. Eddie Jones, en revanche, n’a pas réussi sa mission. Il échoue en finale comme en 2003 avec l’Australie contre l’Angleterre. Pour le XV de la Rose, c’est la troisième défaite en quatre finales (1991, 2007 et 2019, sacre en 2003). L’Afrique du Sud, elle, remporte sa troisième finale en autant de participations et devient, par ailleurs, la première équipe a être sacrée championne du monde après avoir perdu un match de poule (contre les All Blacks en ouverture). Et Siya Kolisi restera dans l’histoire le premier capitaine noir des Springboks à soulever le trophée Webb-Ellis. La nation «arc-en-ciel»va pouvoir fêter ce nouveau titre glané sur les terres japonaises.