La situation humanitaire se dégrade au Burkina Faso, balafré par des attaques armées à répétition depuis le début de l’année. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a ainsi alerté les pouvoirs publics ainsi que la communauté internationale sur les conséquences d’une telle crise, qui pourrait se rapprocher en peu de temps à celle que connaît la Syrie.
Près de 500 000 personnes forcées de quitter leurs foyers. Des enfants et de nouvelles mamans menacés par une malnutrition aigue… Un scénario catastrophe se dessine au Burkina Faso où la violence extrémiste s’enracine depuis l’insurrection islamiste débutée en 2015.
« Une crise humaine dramatique se déroule au Burkina Faso et a bouleversé la vie de millions de personnes », a déclaré le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), David Beasley. « Près d’un demi-million de personnes ont été forcées de quitter leur domicile et un tiers du pays est maintenant une zone de conflit. Nos équipes sur le terrain constatent que les niveaux de malnutrition sont dépassés bien au-delà des seuils d’urgence – cela signifie que les jeunes enfants et les nouvelles mères sont au bord du gouffre. Si le monde veut vraiment sauver des vies, il est temps d’agir, maintenant », a-t-il ajouté.
Tout comme le Mali, le Burkina est aujourd’hui au cœur d’une furie extrémiste qui a pris de l’ampleur depuis le début de l’année 2019. Le nombre d’attaques dans ce pays sahélien sur le premier trimestre 2019 dépasse largement le total d’attaques en 2018. Le nombre de morts civils signalé serait, lui, quatre fois plus élevé par rapport à l’an dernier. De nombreuses écoles ont dû fermer et dans un pays où quatre personnes sur cinq dépendent de l’agriculture pour leur subsistance, les populations abandonnent leurs champs, faisant planer le spectre de la famine.
Eviter un scénario syrien
Marwa Awad, une porte-parole du PAM qui s’est rendue dans les régions sinistrées, dresse un tableau peu reluisant de la situation inspiré des témoignages des victimes. « Les gens ici nous ont dit qu’ils voyaient l’exploitation de l’inégalité, avec des jeunes qui rejoignaient des groupes armés », a-t-elle restitué, soulignant un risque de voir s’amplifier la traite d‘êtres humains, devenue régulière dans la bande du Sahel. « Nous ne voulons pas d’une autre Syrie », a-t-elle prévenu.
En début d’année, les Etats-Unis s’inquiétaient eux-aussi de la détérioration de la situation humanitaire au Burkina Faso. Les mois qui ont suivi ont probablement corroboré cette inquiétude. Le Burkina a du reste connu la pire attaque de son histoire récente début novembre lorsque 37 civils ont été tués dans une embuscade contre un convoi de travailleurs pour la compagnie minière aurifère canadienne Semafo, dans l’est du Burkina Faso.
L’armée du pays semble encore dépassée par la multiplication des attaques et la force du G5 Sahel mise sur place pour contenir la menace djihadiste dans le Sahel souffre encore d’un manque de financement et de défaillances structurelles.