La décision du procureur général d'Israël pourrait avoir des conséquences politiques pour le Premier ministre sortant, qui n'a pas pu bâtir de majorité.
Électrochoc politique en Israël. Benyamin Netanyahou, le Premier ministre, a été mis en examen par le procureur général du pays pour corruption, fraude et abus de confiance dans différentes affaires, a annoncé jeudi soir le ministère de la Justice. « Le procureur général Avichaï Mandelblit a décidé d'inculper le Premier ministre Benyamin Netanyahou pour corruption, fraude et abus de confiance dans l'affaire 4 000 », a indiqué le ministère dans un communiqué. Dans cette « affaire 4 000 », aussi appelée dossier « Bezeq », du nom d'un groupe israélien de télécoms, la justice soupçonne Benyamin Netanyahou d'avoir accordé des faveurs gouvernementales qui pourraient avoir rapporté des millions de dollars au patron de Bezeq en échange d'une couverture médiatique favorable d'un des médias de ce groupe, le site Walla.
Le procureur général a aussi décidé de mettre en examen Benyamin Netanyahou pour « fraude et abus de confiance » dans les deux autres dossiers sur lesquels il devait se prononcer, soit les affaires « 1 000 », dans laquelle le Premier ministre est soupçonné d'avoir reçu de luxueux cadeaux de la part de richissimes personnalités, et « 2 000 », dans laquelle ce dernier aurait tenté de s'assurer une couverture favorable dans le plus grand quotidien du pays.
Son avenir politique se complique
L'inculpation du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou pour corruption est un « jour très triste pour l'État d'Israël », a déclaré jeudi son grand rival, Benny Gantz. Son parti a aussi réagi, soulignant qu'un « Premier ministre qui a des allégations de corruption jusqu'au cou n'a aucun mandat public ou moral pour prendre des décisions sur le sort de l'État d'Israël ». Le parti soupçonne aussi Benyamin Netanyahou de prendre des décisions dans son « intérêt personnel », afin de « survivre » politiquement, et non en fonction des « intérêts de l'État ».
Benyamin Netanyahou, le plus pérenne des Premiers ministres de l'histoire d'Israël, devient aussi le premier chef de gouvernement de l'histoire de ce pays à être mis en examen alors qu'il est toujours en fonction. Cette décision du procureur général pourrait avoir d'importantes conséquences politiques alors que les députés israéliens ont maintenant trois semaines pour trouver un Premier ministre qui a le soutien d'au moins 61 d'entre eux (sur 120). La mise en examen de Benyamin Netanyahou pourrait minimiser ses chances de rallier sur son nom certains députés de la Knesset, le Parlement israélien.
Selon la loi israélienne, Benyamin Netanyahou peut demeurer Premier ministre malgré cette mise en examen, mais il ne peut pas devenir simple ministre dans un éventuel gouvernement de coalition.