L’opposant camerounais Maurice Kamto a annoncé lundi que son parti, le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), ne participerait pas aux élections municipales et législatives prévues le 9 février, au cours d’une conférence de presse organisée à Yaoundé.
“Le MRC appelle les Camerounais à ne pas aller voter et à rester chez eux le 9 février 2020 afin de ne pas cautionner les élections qui ne ramèneront pas la paix dans notre pays”, a déclaré M. Kamto, rival malheureux du président Paul Biya à la présidentielle de 2018, libéré début octobre après avoir passé plus de huit mois derrière les barreaux.
En outre, l’opposant a appelé “tous les partis politiques de l’opposition, l’ensemble de la société civile, les organisations et autres forces réligieuses” à boycotter ce double scrutin.
La présidence camerounaise avait annoncé le 10 novembre que les élections législatives et municipales, reportées à deux reprises depuis 2018, se tiendraient finalement le dimanche 9 février 2020. Une partie de l’opposition avait dénoncé l’organisation de ces élections, s’inquiétant de leur crédibilité, au moment où le pays est confronté à de multiples crises.
“Organiser des élections au Cameroun aujourd’hui, qui plus est des élections locales, sans avoir rétabli la paix dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest…c’est donné le message que (les) populations (de ces régions) ne sont pas des Camerounais et, ce faisant, consacrer la partition de fait du pays”, a déclaré M. Kamto.
Depuis deux ans, l’ouest du pays est le théâtre d’un conflit meurtrier qui oppose indépendantistes anglophones à l’armée et qui a déjà fait plus de 3.000 morts, selon des ONG. Ces deux régions comptent environ 16 % de la population camerounaise.
M. Kamto critique également l’absence d’une réforme du code électoral. “Avec le système électoral actuel, les mêmes causes produiront inévitablement les mêmes effets à savoir: fraudes massives, vol des résultats et nouvelle crise post-électorale”, a ajouté le principal opposant.
La réélection en octobre 2018 de M. Biya, 86 ans dont 37 au pouvoir, avait déclenché une grave crise politique, l’opposition, notamment le camp de M. Kamto, arrivé en deuxième position, lui contestant la victoire.
Le MRC avait lancé des manifestations pacifiques au lendemain des résultats pour dénoncer un “hold-up électoral”. C’est à l’issue d’une de ces marches que M. Kamto et des dizaines de ses partisans avaient été arrêtés en janvier.
Il a été remis en liberté sur ordre de M. Biya neuf mois plus tard, début octobre, notamment à la suite de pressions internationales, Etats-Unis et France en tête.