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Scandale à la cour : Elizabeth II dans la tourmente
A Buckingham, la Reine assiste, impuissante, au déballage des turpitudes sexuelles d’Andrew, son fils préféré

Le naufrage a duré quarante-neuf minutes et vingt-six secondes. L’interview accordée par le prince Andrew à une journaliste de la BBC devait l’aider à se disculper et laver son honneur. Le fils cadet de la Reine a tergiversé six mois avant d’accepter d’évoquer ses supposées relations troubles avec le financier Jeffrey Epstein. Le consensus des perfides médias d’outre-Manche est tombé, tranchant : l’homme s’est ridiculisé, prisonnier de son arrogance, d’une condescendance d’un autre temps. Le duc d’York ne jouissait déjà pas d’un amour immodéré de la part des sujets de Sa Majesté ; il a tendu le sceptre pour se faire battre. La question essentielle de l’entretien tournait autour de faits graves : Andrew faisait-il partie d’une clique qui abusait de jeunes filles « fournies » par l’ami puissant Jeffrey Epstein ?

En 2015, Virginia Roberts a affirmé avoir été utilisée comme esclave sexuelle et forcée à trois rapports non consentis avec le prince, alors qu’elle n’avait que 17 ans. Le huitième dans l’ordre de succession au trône parle d’une voix monocorde et, la mine confite, répète à maintes reprises : « Je n’ai aucun souvenir d’avoir rencontré cette lady, absolument aucun. » Pourtant, une image existe de lui avec Virginia ; le prince pose, souriant, à ses côtés. Andrew fronce les sourcils : « C’est bien moi, mais est-ce ma main sur sa taille ? »

Un conseiller en communication du duc d’York, en désaccord avec le principe de cet entretien, aurait démissionné il y a trois semaines. Après tout, Epstein mort, le procès n’aura jamais lieu. Alors pourquoi se soumettre à un interrogatoire public ? Le pire se profile lorsque le prince à la mémoire défaillante précise que le 10 mars 2001, jour où il est accusé d’avoir forcé Virginia, il a accompagné sa fille Beatrice à une fête dans une pizzeria de Woking, en lointaine banlieue londonienne. Les professionnels de Buckingham ont sérieusement validé cet argument, mais comment le prince peut-il se rappeler avoir mangé une pizza il y a presque vingt ans ? On oublie vite la saveur d’un bout de fromage fondu sur une pâte molle.

« Parce que ce n’est pas un endroit habituel pour moi », dit-il. Andrew quitte rarement sa calèche, son palace, le jet privé de son ami Jeffrey, les terrains de golf… Quand on l’interroge sur sa réputation de prince fêtard, il feint l’étonnement, tente une moue à la fois contrite et combative. Cette soirée dans le night-club Tramp, où il aurait dansé comme un fou ? Virginia le dépeint transpirant abondamment. Andrew esquisse un rire et réplique : « Depuis la guerre des Malouines et une overdose d’adrénaline lorsqu’on m’a tiré dessus, je souffre d’une condition médicale qui m’empêche de transpirer. » Qui a trouvé cette parade ? Même les scénaristes de « The Crown », le feuilleton qui narre les grandeurs et les turpitudes des Windsor, n’auraient pas osé. Réaction d’un éditorialiste du « Sunday Times » : « Les chevaux suent, les hommes transpirent, mais les membres de la famille royale ne font que briller. »

Et c’est ainsi, sans âme, sans chair, que l’odeur de la vérité s’éloigne au profit de justifications alambiquées. Quand il nie des massages pratiqués par de jeunes filles russes, le pathétique surgit, on se pince pour se rappeler qu’il s’agit du fils de la Reine. Andrew a été photographié marchant à côté de Jeffrey Epstein à Central Park, à New York, en 2011, alors que le financier avait été condamné en 2008 pour sollicitation de prostitution d’une fille mineure et fiché comme délinquant sexuel. Il était donc radioactif depuis trois ans au moins, d’autant plus pour un éminent membre de la famille royale britannique. Le voir, c’était salir l’institution. Andrew prétend benoîtement qu’il était venu lui annoncer la fin de leur amitié. En dormant quatre jours chez lui, « parce que c’était pratique » !

La Couronne doit veiller aux dépenses, certes, mais un hôtel chic aurait pu être envisagé pour le représentant spécial pour le commerce international et l’investissement du Royaume-Uni qu’il était alors. Aucune question sur les sommes d’argent prêtées par Epstein à son ex-épouse, Sarah Ferguson. Et, surtout, aucun mot pour les nombreuses victimes présumées de son ami. Le prince ne savait rien, n’a rien vu quand il logeait chez lui : « Je vis dans une institution, à Buckingham Palace, où des membres du personnel circulent constamment. Je ne veux pas apparaître pompeux, mais il y avait beaucoup de monde qui vaquait dans la maison de Jeffrey Epstein. Pour moi, c’était du personnel. » Il ne regrette pas de l’avoir fréquenté.

La Reine a été plus tendre avec Andrew qu’elle ne le fut avec ses deux aînés, qu’elle croisait à peine

La Reine, selon le « Daily Telegraph », n’aurait pas donné son accord à cette prise de parole. Elle doit tiquer de la tiare sur le résultat catastrophique, l’idée d’une famille royale hautaine, méprisante. Son fils préféré, Andrew, le bel officier de marine, le fringant cadet qui réveillait la monarchie en épousant une roturière flamboyante, a laissé place à un homme mal aimé, peu considéré en Angleterre. Depuis des années, il traîne une douteuse réputation de dilettante affairiste et se voit affublé de surnoms peu enviables, dont « Air Miles Andy », pour ne citer que celui relatif à sa passion des voyages en première classe… Lui et Charles ne s’entendent pas. La Reine a été plus tendre avec lui qu’elle ne le fut avec ses deux aînés, qu’elle croisait à peine. Peut-être parce qu’elle sait le sort tragique des numéros deux, proches de la gloire, réduits au néant au fil du temps… Sa sœur Margaret n’a jamais pu être heureuse.

Andrew, Elizabeth II l’a laissé exister, avoir des aventures avec des filles pas très « royals » comme Koo Stark, se marier avec une délurée, puis divorcer. Une place lui a été offerte dans un organigramme de diplomatie parallèle, où il n’a pas été très utile… Le malaise au sein de la « firme » est si palpable que Peter Hunt, l’ancien correspondant royal de la BBC, estime que Charles devrait avoir le « courage » de convaincre Andrew de « se retirer de la vie publique ». Charles, en déplacement en Nouvelle-Zélande, était opportunément absent de cette séquence. Mais Elizabeth II reste une mère pour Andrew. Ils se sont rendus ensemble à l’église après la mise en boîte de l’entretien. Il lui aurait signifié ô combien celui-ci avait été « un succès » ! La Reine a peut-être raison, seule la prière sauvera son fils.

Source: Pris Match