Le gouvernement du Nigeria poursuit la remise en ordre de ses revenus pétroliers. Après avoir réclamé il y a peu 62 milliards de dollars de manque à gagner aux compagnies qui opèrent sur son territoire, Abuja fixe cette fois un nouveau barème de royalties.
Une nouvelle loi se réfère à un texte jamais appliqué, datant de 1993, lors du lancement de l’exploitation offshore. Celui-ci stipule que les accords financiers avec les compagnies doivent être révisés à la hausse lorsque le cours du baril dépasse les 20 dollars. Si la loi n’a jamais été appliquée, c’est que de nombreux élus de l’époque, selon le président Buhari, ont investi dans le pétrole et ne voulaient bien sûr pas voir leurs revenus érodés.
Désormais, une redevance sera indexée sur le prix du pétrole, atteignant 10% si le baril franchit les 150 dollars. Il s’ajoute à cela une taxe forfaitaire de 10% sur l’extraction en mer et 7,5% sur terre. Ces mesures, selon le gouvernement, devraient rapporter 1,5 milliard de dollars de revenus supplémentaires d’ici 2021.
Besoins d’argent
Or, l’argent manque dans les caisses de l’Etat nigérian. Un rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) de 2016 présente le gouffre abyssal du déficit budgétaire du pays, passant de 209 millions de dollars en 2005 à 5,4 milliards en 2014. La baisse du prix du pétrole a singulièrement creusé ce déficit.
''Une soif pour de meilleurs revenus pétroliers'' qui pourrait heurter les investisseurs, écrit l’agence financière Bloomberg (lien payant). Une alerte reprise en cœur par plusieurs experts du secteur, selon l’AFP. ''Les compagnies pétrolières ont déjà commencé à retirer leurs investissements du Nigeria'', a déclaré l’un d’eux sous couvert d’anonymat. ''C’est le début du déclin des investissements en eaux profondes'', prédit-il.
Info ou intox ?
Le Nigeria a déjà fait machine arrière quant à l’ardoise de 62 milliards de dollars réclamée aux compagnies. Il préfère désormais un règlement à l’amiable, tant la procédure judiciaire semble compliquée à atteindre. Il faut ménager aussi la susceptibilité des compagnies, dans un contexte où l’or noir ne manque pas dans le monde.
Régulièrement au Nigeria, les compagnies pétrolières sont mises en cause quand l’Etat va mal. En 2016, Agip et Total étaient accusées d’avoir exporté illégalement du pétrole pour un montant de 650 millions de dollars. Des accusations qui visent à dédouaner l’Etat de toute responsabilité quant à l’inégalité du partage des richesses pétrolières.