Le gouvernement de Kigali a-t-il acquis une technologie israélienne permettant de mettre sur écoute, via WhatsApp, des Rwandais vivant à l’étranger ? Devant les médias nationaux et internationaux, le président Paul Kagame a contesté les informations du « Financial Times ».
« Comme tous les pays, le Rwanda fait du renseignement », s’est défendu le chef de l’État rwandais lors d’une conférence de presse, à Kigali, tout en affirmant « ne pas avoir les moyens d’acquérir une telle technologie, très coûteuse », et qui n’est pas sa priorité.
La technologie en question, c’est le logiciel israélien Pegasus, conçu par le groupe NSO, qui permet de placer un téléphone sur écoute, mais aussi d’ouvrir son micro ou d’allumer sa caméra. D’après une enquête du quotidien anglais Financial Times, des Rwandais vivant à l’étranger auraient été victimes de ce programme qui aurait infecté leur téléphone via la messagerie cryptée WhatsApp. « Tous les pays surveillent les communications téléphoniques », s’est justifié Paul Kagame. Rien de nouveau, donc, pour le président rwandais, qui assure bien connaître ses ennemis, « ce qu’ils font et où ils sont ».
JE SUIS PLUS CONCERNÉ PAR LES PERSONNES QUI MÈNENT LES INCURSIONS DEPUIS KINIGI
Parmi les noms de citoyens rwandais qui figurent dans l’enquête du Financial Times, celui de Placide Kayumba, un membre des Forces démocratiques unifiées (FDU-Inkingi), qui réside en Belgique, et celui de Faustin Rukondo, un cadre du Rwanda National Congress (RNC), exilé en Angleterre. « À quoi cela servirait-il de dépenser autant d’argent pour des gens qui n’ont pas d’importance ? Cela n’a pas de sens », estime le chef de l’État rwandais. Avant d’ajouter: « Je suis plus concerné par les personnes qui mènent les incursions depuis Kinigi ». Une référence à l’attaque des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) dans cette ville touristique au nord du pays, à la frontière avec l’Ouganda et la République démocratique du Congo (RDC), qui a causé 14 victimes le 5 octobre dernier.
« Connaître ses ennemis »
Pour Paul Kagame, le Rwanda a « toujours fait du renseignement, il en fait encore aujourd’hui, c’est ainsi que tous les pays opèrent ». Selon le chef de l’État, c’est un moyen de « connaître ses ennemis et ceux qui les soutiennent ». En revanche, il n’a pas donné davantage de détails sur les modes opératoires des services de renseignement rwandais, si ce n’est qu’ils reposent en premier lieu sur « le renseignement humain ».
Autre sujet abordé lors de cette conférence de presse, la mise en place d’une force conjointe des pays de la sous-région qui serait prochainement déployée à l’est de la RDC pour lutter contre les groupes armés qui y sévissent. Paul Kagame a confirmé que des discussions entre les différents états-majors concernés étaient en cours, avec la participation de l’ONU. « Certains pays sont d’accord pour aller de l’avant, tandis qu’un ou deux autres hésitent, pour des raisons qui leur sont propres », a déclaré le chef de l’État. Si un accord n’est pas trouvé, ce dernier se dit prêt à travailler directement avec les pays qui le souhaitent. Mais il n’a pas souhaité détaillé quelles opérations pourraient être menées sur le sol congolais, ni si des troupes rwandaises pourraient être impliquées au titre d’un tel accord.