De plus en plus faciles d'accès, les paris en ligne séduisent notamment les jeunes hommes du continent.
L'utilisation de smartphones en Afrique, notamment subsaharienne, est en pleine explosion. Selon le cabinet Deloitte, 660 millions d'Africain·es en seront équipé·es en 2020, le double par rapport à 2016.
Si ces appareils amènent avec eux leur lot d'avantages, ils traînent aussi dans leur sillage un effet peut-être moins désirable: la popularisation des jeux d'argent via téléphone, en particulier des paris sportifs.
D'après un sondage mené par GeoPoll en 2017, 54% des habitant·es d'Afrique subsaharienne âgé·es de 17 à 34 ans ont déjà parié de l'argent dans un jeu de hasard. Le Kenya est le pays le plus touché par cette tendance, avec plus de 76% des jeunes concerné·es.
GeoPoll s'est aussi aperçu que parmi ces jeunes, 75% utilisaient leur téléphone pour parier. Au Kenya, ce pourcentage s'élève à 96%.
Risques d'addiction
L'institut de sondage déclare même que «les téléphones mobiles sont le Las Vegas Africain» et que le phénomène «augmente en symbiose avec une population grandissante de jeunes, définie en partie par leur aise avec la technologie».
Si les jeux d'argent ne sont pas dangereux en soi, une étude publiée en février 2018 par les chercheurs Derrick Ssewanyana et Byron Bitanihirwe révèle qu'ils représentent en Afrique subsaharienne un réel problème de santé publique.
Pour des jeunes gens en proie à la pauvreté, les casinos de poche peuvent représenter une source supplémentaire de revenus. Mais dans un environnement peu régulé, la popularité des jeux de hasard et leur accessibilité multiplient les risques d'addiction.
Comme l'explique le chercheur Victor Odundo Owuor, il n'est pas aisé pour les gouvernements de lutter contre les jeux d'argent: toute une industrie s'enrichit grâce à ces paris, et elle pèse de tout son poids pour empêcher les réformes.