Les autorités ivoiriennes ont entamé samedi la destruction du grand quartier populaire de Boribana, en vue de la construction du quatrième pont d’Abidjan, donnant lieu à de vastes mouvements de foules.
Encadrés par un important dispositif policier, les bulldozers ont commencé à détruire le quartier de Boribana situé en bord de la lagune, et qui compte près de 60 000 habitants.
Des milliers de personnes faisaient des va-et-vient entre leurs maisons et la route pour sortir réfrigérateurs, casseroles, matelas, télévisions mais aussi toits en tôle, robinets ou câbles électriques …
« On n’a pas le choix. On sort ce qu’on peut », affirme Sanogo Salia, marié et père de deux enfants qui vit en filmant des cérémonies. « On n’a pas d’argent pour aller ailleurs », explique ce locataire qui assure n’avoir touché aucune indemnisation.
Les autorités avaient prévenu jeudi les habitants que l’opération de destruction annoncée en mai puis reportée allait avoir lieu ce samedi. Beaucoup n’ont pas été prévenus ou n’ont pas voulu y croire.
« Les bâtis détruits aujourd’hui sont ceux pour lesquels les propriétaires ont reçu effectivement leur indemnité d’éviction », promet Coulibaly Salimata Tiegbala, coordinateur adjoint du projet de transport urbain d’Abidjan
« Les études ont commencé en 2016. Les locataires ont été recensés Il peut y avoir des omissions. Il y a des bureaux qui sont ouverts pour qu’ils soient pris en charge », a-t-elle précisé.
Quelque 34 milliards de FCFA (51 millions d’euros) du projet sont destinés à indemniser ou reloger les populations de ces zones très denses, selon le gouvernement.
Quatrième pont
Les autorités ont lancé en juillet 2018 les travaux du quatrième pont d’Abidjan qui va relier le quartier populaire de Yopougon à celui du Plateau, la zone des affaires, soulageant un des principaux axes de la capitale économique.
Le pont au-dessus de la lagune Ebrié, autour de laquelle s’est constituée Abidjan, mesurera 1,4 km. Il s’inscrit dans un projet de 7,2 km d’autoroutes urbaines et d’échangeur d’un coût total de 142 milliards de francs CFA (216 millions d’euros), qui doit permettre de désengorger le nord d’Abidjan peuplée de 5 millions d’habitants, en proie à des embouteillages permanents.
Le pont à péage devrait être emprunté par 70 000 véhicules par jour et ainsi soulager l’autoroute, seul grand axe du nord d’Abidjan. Un train urbain, un cinquième pont ainsi que plusieurs échangeurs et grands axes doivent aussi voir le jour à l’avenir dans la capitale économique ivoirienne.
Un collectif de propriétaires s’est plaint du niveau des indemnisations alors qu’il y a eu plusieurs manifestations pour protester contre la destruction du quartier.
La construction du troisième pont sur la lagune, achevé en 2014, est une des grandes réalisations du premier quinquennat du président Alassane Ouattara.