Dans un communiqué rendu public le 10 décembre, Jean Ping a dénoncé « la monarchisation de la République » gabonaise, faisant allusion à la nomination de Noureddin Bongo Valentin, le fils du chef de l’État, comme coordinateur des affaires présidentielles.
La parole de Jean Ping, qui ne s’était pas exprimé depuis le 12 octobre dernier, est relativement rare. Mais l’opposant, qui revendique toujours la victoire lors de l’élection présidentielle de 2016, n’a visiblement rien perdu de sa virulence. Mardi 10 décembre, il a dénoncé, dans un communiqué, la nomination de Noureddin Bongo Valentin comme coordinateur des affaires présidentielles le 5 décembre dernier.
« Nous ne sommes pas dupes de ce qui se trame derrière cette nomination anticonstitutionnelle (…). [Elle] confirme une fois de plus, la monarchisation de la République », écrit le leader de la Coalition pour une nouvelle république. Le 6 décembre, le nouveau porte-parole de la présidence, Jessye Ella Ekogha, avait cependant répondu par anticipation à cette critique.
« Noureddin Bongo Valentin a toutes les compétences requises »
« Noureddin Bongo Valentin a toutes les compétences requises (…), dispose d’une solide expérience professionnelle (…) et d’une parfaite connaissance de la chose publique et du fonctionnement de l’État », avait-il expliqué. Et d’ajouter : « Au Gabon, par le passé, on a déjà connu une telle situation. Ensuite, si on regarde ailleurs dans le monde, on constate que c’est chose courante. (…) Donald Trump a pour principaux collaborateurs sa fille, Ivanka Trump, et son neveu, Jared Kurchner (…) ».
Jean Ping n’apparaît toutefois que peu convaincu par les arguments du palais du bord de mer. Il existe, explique-t-il, une « guerre ouverte entre des clans qui entre-déchirent sur la place publique, dans un contexte caractérisé par l’incapacité d’Ali Bongo Ondimba [à gouverner] ». « Les frasques de Fargeon [sic, le surnom donné par lui à Brice Laccruche Alihanga] n’ont rien épargné à l’État. (…) Aujourd’hui, c’est une autre bande, la bande à Sylvia [sic, la Première dame Sylvia Bongo Ondimba] qui tire les ficelles », ajoute encore l’ancien ministre d’Omar Bongo Ondimba.
« Le temps est venu »
L’ancien président de la commission de l’Union africaine (UA), dont le nombre de soutiens au Gabon a tendance à s’amenuiser, tente d’enfoncer le clou, en conclusion de son propos. « Après avoir longtemps fait barrage contre toute tentation de jeter qui que ce soit en pâture ou à la vindicte populaire, je dis au peuple gabonais que, si nécessaire, le temps est venu de désigner l’ennemi, de se lever et de marcher ».
Une phrase qui faisait sourire, ce 10 décembre, à l’intérieur du palais du bord de mer, où l’on découvrait le communiqué de l’opposant. « À combien de reprises Jean Ping a-t-il appelé les Gabonais à marcher ? La dernière fois, il leur avait dit dans son discours : “Je ne vous retiens plus”. Or est-ce que les Gabonais l’avaient suivi ? », ironise un cadre du cabinet d’Ali Bongo Ondimba.