Un garçon chinois âgé de huit ans a lancé sa chaîne de tutos sur internet pour apprendre la programmation informatique aux jeunes. Lunettes à monture noire et maillot rouge, un Chinois âgé de huit ans se connecte à son ordinateur pour un cours de programmation informatique en ligne. Petit détail: c’est lui le prof.
Lunettes à monture noire et maillot rouge, un Chinois âgé de huit ans se connecte à son ordinateur pour un cours de programmation informatique en ligne. Petit détail: c’est lui le prof.
Vita, c’est son nom européanisé, a lancé en août sa propre chaîne de tutos de programmation sur le site chinois de vidéos en ligne Bilibili. Pas moins de 60.000 internautes le suivent et la chaîne compte plus d’un million de vues. «La programmation, ça n’est pas évident mais ça n’est pas sorcier non plus», philosophe l’enfant. «Du moins, ça n’est pas aussi compliqué qu’on pourrait le croire...»
Ce petit Shanghaïen fait partie d’un nombre croissant de très jeunes Chinois qui apprennent le codage informatique avant même d’entrer à l’école primaire. Leurs parents sont convaincus que cette corde à leur arc sera cruciale pour l’avenir de leurs enfants, compte tenu de l’accent mis par Pékin sur la technologie.
En ligne, les«élèves» de Vita sont pour la plupart des enfants plus âgés que lui. Sa classe compte même quelques jeunes adultes. Le garçonnet leur explique patiemment les secrets d’une appli de programmation conçue par Apple, du nom de Swift Playgrounds.
L’enfant fait parfois exprès de se tromper afin de souligner les pièges les plus courants. «Quand j’enseigne, j’apprends aussi de nouvelles choses en même temps», observe-t-il.
Manuel scolaire
Avec ses investissements colossaux dans l’informatique, la Chine a lancé en 2017 un plan de développement de l’intelligence artificielle (IA), qui prévoit d’instituer des cours de programmation dès le primaire et le secondaire. Le premier manuel scolaire d’IA est sorti l’an dernier.
Dans le cas de Vita, c’est son père, Zhou Ziheng, qui l’a formé à la maison. C’est lui aussi qui monte ses vidéos et gère la chaîne. Zhou Ziheng, qui traduit des ouvrages scientifiques et technologiques, a commencé à enseigner la programmation à son fils quand ce dernier n’avait que cinq ans. «J’ai moi-même appris le codage dans ma jeunesse, j’ai donc toujours trouvé normal que Vita l’apprenne aussi», raconte-t-il.
Mais pour les parents qui n’ont pas ce bagage, des écoles de programmation ont fleuri dans toute la Chine, prêtes à accueillir les futurs Bill Gates. Le marché de la formation à la programmation pour les enfants a été évalué à près d’un milliard d’euros en 2017, un chiffre qui devrait quintupler d’ici à 2020, d’après Analysys, un cabinet d’experts de l’internet.
En cours dès 3 ans
«En Chine, l’enseignement de la programmation commence très tard à l’école publique. Nos cours du soir permettent de combler cette lacune», explique Pan Gongbo, directeur général de Tongcheng Tongmei, une école de codage de Pékin. Âge du plus jeune élève: 3 ans. Pour les moins de six ans, l’école organise des jeux de construction de type Lego qui recourent aux techniques du codage.
D’après Pan Gonbo, les enfants de six ou sept ans sont parfaitement à même de maîtriser la programmation. «Il ne faut pas sous-estimer la vitesse d’apprentissage des enfants. Dans certaines de nos classes, ils vont parfois plus vite que les adultes», confie-t-il.
Parmi eux, Ji Yingzhe, 10 ans, qui apprend depuis six mois le langage informatique Python. Auparavant, le jeune garçon avait consacré un semestre à l’apprentissage de la robotique, mais la matière lui a paru trop simple. «Les codes informatiques étaient déjà rédigés, tout ce qu’il y avait à faire c’était de les mettre en ordre», soupire-t-il.
Son père l’a inscrit en école de programmation parce qu’il trouvait que Yingzhe passait trop de temps sur les jeux vidéo. Nouvelle règle en vigueur à la maison: l’enfant ne joue qu’aux jeux qu’il a créés lui-même. Quant à l’avenir de Vita, il n’est pas écrit, selon son père, qui entend lui maintenir les pieds sur terre. «Je lui répète qu’il n’a rien fait d’extraordinaire», assure Zhou Ziheng.