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RDC: Apple, Microsoft et Google accusées d’avoir bénéficié du travail d’enfants dans les mines de cobalt
Une coalition de chercheurs et d’avocats spécialisés dans les actions en justice contre des multinationales a déposé ce lundi devant la Cour fédérale américaine une plainte contre Apple, Microsoft, Alphabet – maison-mère de Google – , Dell et Tesla. Elle accuse ces sociétés d’avoir « aidé et encouragé le travail d’enfants dans les mines de cobalt en RDC ».

C’est un document de 79 pages que le collectif International rights advocates (IRAdvocates), spécialisé dans la poursuite d’actions en justice contre des multinationales, a déposé ce lundi devant la Cour fédérale américaine au nom de 14 plaignants qui ont accepté d’être parties civiles.

Parmi les sociétés visées, on retrouve les géants américains de la technologie et de l’informatique Apple, Microsoft, Dell et Alphabet – maison-mère de Google -, ainsi que le constructeur automobile Tesla.

Leur point en commun ? Elles sont toutes accusées par le collectif d’avoir tiré profit du travail forcé d’enfants dans les mines de cobalt en RDC. Plus encore, les avocats assurent avoir la preuve que ces sociétés ont aidé et encouragé les propriétaires des sites miniers concernés où les plaignants ont subi des abus.

40 000 enfants dans les mines du Katanga

Le cobalt, dont la RDC extrait 60% de la production mondiale, est une des matières clés dans la fabrication des batteries lithium-ion rechargeables, présentes dans tous les produits fabriqués par les entreprises de technologies et d’automobiles électriques.

« Très souvent ce sont des enfants qui travaillent sur les sites des entreprises minières de manière « artisanale ». Les entreprises qui gèrent les mines officielles laissent faire, même si elles dénoncent régulièrement des « vols », affirmant que ces mineurs artisanaux agissent sans qu’elles le sachent », dénonce Roger-Claude Liwanga, chercheur à l’université Harvard, professeur de droit et de négociations internationales à l’université Emory. Spécialiste du travail d’enfants dans les mines congolaise, il fait parti du collectif qui a travaillé sur la plainte.

En 2014, l’UNICEF estimait à 40 000 le nombre d’enfants qui travaillaient dans les mines du Katanga. « La réalité est que le secteur de l’extraction du cobalt en RDC dépend des enfants, avec des hommes et des femmes effectuant les travaux dans des conditions primitives. C’est un terreau fertile pour les géants de la technologie qui cherche du cobalt à moindre coût et l’utilise en connaissance de cause », ajoute le chercheur.

« Soutien substantiel »

Dans sa plainte, que Jeune Afrique a pu consulter, le collectif n’accuse pas ces multinationales américaines d’avoir elles-mêmes employées ces enfants, mais explique qu’elles bénéficient « sciemment du système d’exploitation minière « artisanale » en RDC et lui apportent un soutien substantiel ».

Pendant plusieurs mois, IRAdvocates a enquêté pour remonter le réseaux de fournisseurs de ces géants de la technologie. Les conclusions de ce travail, résumées dans la plainte, épinglent deux fournisseurs de ces sociétés : le chinois Huayou Cobalt et le suisse Glencore, deux groupes accusés par l’ONG de bénéficier du travail d’enfants dans les mines de cobalt à travers plusieurs sociétés dont ils sont propriétaires et qui exploitent des sites miniers dans le Lualaba et le Haut-Katanga.

Dans son dossier, remis devant la juridiction américaine, le collectif souligne que, dans le cas d’Apple par exemple, la multinationale fondée par Steve Jobs listent parmi ses fournisseurs de cobalt le chinois Huayou Cobalt, dans son rapport annuel de 2018. Huayou Cobalt est propriétaire de CDM (Congo Dongfang Mining) et COMUS (Compagnie Miniere de Musonoi) qui opèrent toutes les deux dans le Lualaba. Or, plusieurs victimes citées dans la plainte auraient été blessées alors qu’elles travaillaient dans les mines de CDM.

Apple liste aussi parmi ses fournisseurs la société UMICORE. Cette dernière a officialisé en mai dernier un partenariat avec Glencore, qui prévoit qu’elle transforme le cobalt fourni par le groupe suisse, avant de le vendre à d’autres sociétés. Glencore, géant de l’industrie minière en RDC, est notamment propriétaire de trois entreprises – Kamoto Copper Company, Katanga Mining et MUMI (Mutanda Mining) -, où auraient été blessées plusieurs des victimes recensées par le collectif américain.

Nombreux intermédiaires

Selon IRAdvocates, les sociétés américaines qui s’alimentent chez ces fournisseurs ne peuvent pas ignorer les conditions dans lesquels le cobalt qu’ils utilisent est extrait. Ils citent à titre d’exemple le rapport d’Amnesty internationale de 2016, titré : « Voilà pourquoi on meurt, les atteintes aux droits humains en RDC alimentent le commerce mondial de cobalt ». L’ONG y épinglent nommément CDM et Huayou Cobalt. À cette occasion, Amnesty avait déjà interpellé Apple sur les conditions de travail dans les mines de cobalt où elles s’approvisionnent.

Autres signes, que ces entreprises connaissent les risques d’abus liés à leur chaîne d’approvisionnement, selon IRAdvocates, Apple a publié en février 2019 sa « déclaration sur la lutte contre la traite des êtres humains et l’esclavage dans (ses) activités et (sa) chaîne d’approvisionnement« , dans laquelle l’entreprise américaine affirme soutenir plusieurs initiatives visant à dénoncer de potentiels abus chez ses fournisseurs.

« Tout est fait pour brouiller la chaîne d’approvisionnement, les entreprises cherchent à se cacher derrière les nombreux intermédiaires qui interviennent dans celle-ci », résume Roger-Claude Liwanga. Au cours des derniers mois, le collectif estime avoir réuni un ensemble de preuves, témoignages, photos et vidéos suffisant et entend aujourd’hui demander des réparations. La plainte déposé ce jour « est une première étape ».

Source: jeune Afrique