Les comptes bancaires et actions de la fille et du gendre de l'ancien président José Eduardo dos Santos ont été gelés provisoirement par le tribunal provincial de Luanda.
Isabel dos Santos et son mari Sindika Dokolo, actionnaires dans plusieurs banques et holdings, sont accusés d'avoir acheté des actions avec l'argent de la compagnie pétrolière publique Sonangol. La fille aînée de l'ancien président angolais, présentée comme la femme la plus riche d'Afrique, était la PDG de l'entreprise jusqu'en novembre 2017. L'activiste anti-corruption Rafael Marques cite par exemple l'achat frauduleux de parts de l'opérateur téléphonique Unitel, ou de la société pétrolière portugaise Galp.
Dans le communiqué du procureur de la République, l'Etat angolais se déclare également lésé de plus d'un milliard de dollars. La cause : un prêt contracté avec une garantie souveraine non remboursé. Un autre homme d'affaires et un de leurs associés, Mario Filipe Moreira Leite da Silva, voit lui aussi ses avoirs bloqués provisoirement par la justice.
Dénégation de la famille
Le nouveau président Joao Lourenço, élu en 2017, a fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille. Ce n'est d'ailleurs pas le premier membre de la famille de son prédécesseur José Eduardo dos Santos poursuivi en justice. Son fils José Filimino Dos Santos, ancien patron du fonds d'investissement souverain angolais, comparait devant le tribunal suprême de Luanda depuis le 9 décembre pour détournement de fonds et blanchiment d'argent.
Joint par RFI, Sindika Dokolo rejette les accusations et dénonce une instrumentalisation de la justice angolaise contre une famille, la sienne, celle de sa femme. Il dit que plusieurs des affaires mentionnées sont déjà devant d'autres cours de justice et notamment une cour d'arbitrage à Londres et qu'il a l'espoir d'être blanchi par des instances plus indépendantes.
Il dénonce le piratage de documents confidentiels de gestion auxquels des documents falsifiés ont été mêlés, le tout pour les transformer lui et sa femme en victimes expiatoires. Lui aussi prend pour exemple l'affaire de la Sonangol et pointe que ce n'est pas qu'eux ont refusé de rembourser, mais leur paiement a été refusé par le nouveau régime. Pour lui, ça tient du règlement de compte politique.