Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé jeudi qu’il allait accorder 448,6 millions de dollars sur trois ans au Congo-Brazzaville pour relancer l‘économie de ce pays d’Afrique centrale plombée par la chute des prix du pétrle, en souhaitant une meilleure “transparence” de ses comptes publics.
“La décision du conseil d’administration autorise le déblocage immédiat de 44,9 millions de dollars au profit de la République du Congo”, indique un communiqué du FMI publié au terme de plus de deux ans de discussions difficiles.
Les négociations avaient été ralenties par le fait que les autorités du Congo-Brazzaville avaient caché une partie de la dette publique du pays. Très classiquement, le programme “d’extension des facilités de crédit” veut aider Brazzaville à “restaurer sa stabilité macro-économique”, en préservant “le caractère soutenable de la dette”, selon le communiqué du FMI. Il s’agit également, selon l’institution financière de Washington, de “jeter les fondations d’une croissance plus forte et plus inclusive”.
C’est un ouf de soulagement, mais ce n’est pas une victoire. Le FMI va devenir plus regardant Une touche plus locale : le programme “cherche également à améliorer la gouvernance, pour parvenir à plus d’efficacité et de transparence dans la gestion des ressources publiques, spécialement dans le secteur pétrolier”.
En septembre 2017, une enquête d’une ONG, Public Eye, avait fait fait état d’affaires de corruption et de détournement de fonds présumés dans la gestion des ressources pétrolières. L’enquête pointait la responsabilité présumée de proches du président Denis Sassou Nguesso, qui cumule 35 ans au pouvoir.
Le programme du FMI fera l’objet d’une évaluation tous les six mois, précise le FMI.
Ouf de soulagement Le FMI avait passé dès 2017 un accord avec le Gabon voisin, frappé comme le Congo-Brazzaville par la chute des prix du pétrole à partir de 2014.
En pleine négociation, il avait été révélé en juillet 2017 que le Congo-Brazzaville cachait une partie de sa dette. Celle-ci s‘établissait à près de 120 % du PIB (8,7 milliards de dollars) et non 77 %, selon des révélations à l‘époque de Radio France Internationale (RFI).
Autre singularité des négociations : la Chine détient un tiers de la dette externe du Congo-Brazzaville, soit environ 2 milliards de dollars, selon des sources consultées par l’AFP en avril.
“Pour les Etats-Unis, il est hors de question que le FMI vienne à la rescousse des pays endettés avec Pékin”, avait expliqué l’une des sources consultées alors par l’AFP.
“C’est un ouf de soulagement, mais ce n’est pas une victoire. Le FMI va devenir plus regardant”, a réagi à Brazzaville Léon Mayeko, économiste à l’université Marien Ngouabi.
“Ce qu’il faut craindre, c’est peut-être la réduction des dépenses dans les secteurs comme la santé et l’éducation”, a ajouté l’enseignant chercheur.