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Atteinte à la vie privée : Facebook payera une amende record de 5 milliards de dollars
Facebook va verser une amende record de cinq milliards de dollars (4,5 milliards d'euros) pour clore une enquête du gouvernement sur la protection de la vie privée, a annoncé mercredi la Commission fédérale du commerce (FTC) américaine.

La Commission fédérale du commerce (FTC) américaine, principale autorité en matière de concurrence aux Etats-Unis, a voté en faveur de cet arrangement à l'amiable par trois voix contre deux. Ses membres démocrates ont jugé que l'accord, qui doit encore être validé par la justice, n'allait pas assez loin ou que l'amende n'était pas assez lourde.

Alors qu'il n'a cessé de promettre à ses milliards d'utilisateurs dans le monde qu'ils seraient en mesure de contrôler la façon dont les données personnelles étaient partagées, Facebook a restreint les choix des consommateurs'', dit le président de la FTC Joe Simons, un républicain, dans un communiqué.

Rohit Chopra, commissaire démocrate de la FTC, estime que la pénalité revient à accorder l'immunité aux responsables de Facebook, à ''ne fixer aucune restriction effective au modèle économique de Facebook'' et ''ne règle pas les problèmes de fond qui ont débouché sur ces infractions.''

Facebook a accepté en outre de verser 100 millions de dollars pour mettre un terme à l'accusation d'avoir trompé les investisseurs sur l'usage qui était fait indûment des données des usagers, a annoncé la Securities and Exchange Commission, le gendarme boursier américain.


Les démocrates non satisfait de l'accord

Chopra et Rebecca Slaughter, autre commissaire démocrate de la FTC, jugent que l'amende de cinq milliards de dollars ne couvre peut-être même pas les bénéfices que Facebook a tirés de l'usage répréhensible des données des internautes.

''Tant que nous n'aurons pas frappé Facebook directement au portefeuille pour les risques qu'il fait courir à la sécurité intérieure et à notre vie privée nous ne pourrons pas empêcher ces problèmes de resurgir'', a dit Chopra.

Slaughter estime elle que la FTC aurait dû poursuivre Facebook et Zuckerberg devant la justice. Les républicains, majoritaires à la FTC, affirment eux que le compromis ''réduit de manière significative le pouvoir de Mark Zuckerberg, ce qu'aucun organisme gouvernemental dans le monde n'avait jusqu'à présent réussi à faire''.

Si la FTC était allée devant les tribunaux ''il est très peu probable qu'un juge aurait imposé une pénalité au civil qui soit le moins du monde comparable à celle-ci'', expliquent les commissaires républicains. Ils observent que Zuckerberg et d'autres responsables de Facebook doivent attester tous les trimestres de la bonne conduite du réseau social en matière de respect de la vie privée.

Facebook estime que l'accord passé avec la FTC lui donnera ''un nouveau cadre général de protection des données personnelles'' et qu'il s'attend à détecter d'autres problèmes dans la mesure où il va passer ses systèmes en revue.

Pour le sénateur démocrate Richard Blumenthal, l'accord passé avec la FTC n'est qu'un ''cache-sexe'' qui exonère ''les dirigeants de toute responsabilité''.

''En recourant à une amende monétaire pour dissuader Facebook, la FTC montre qu'elle ignore les leçons du passé. Facebook a déjà provisionné cette amende face aux profits exceptionnels engrangés depuis 10 ans d'usage illicite des données''.

La FTC avait confirmé en mars 2018 l'ouverture d'une enquête sur l'affaire Cambridge Analytica. Facebook avait été accusé d'avoir indûment partagé les informations de 87 millions d'usagers avec ce consultant britannique à présent disparu.


D'autres procédures en cours

Le bouclage controversé de cet épineux dossier intervient alors même que le département de la Justice des Etats-Unis a annoncé mardi l'ouverture une enquête antitrust pour déterminer si les grandes firmes des technologies numériques étaient engagées dans des pratiques anticoncurrentielles.

L'institution judiciaire ne mentionne pas de sociétés en particulier mais dit que son enquête portera entre autres sur ''a recherche, les médias sociaux et certains services de distribution en ligne'', ce qui semble se référer à des sociétés telles qu'Alphabet, Amazon.com et Facebook, voire même Apple.

Source: La Tribune