Story

Actualités  | Paludisme: Une inquiétante résistance aux médicaments en Asie Accueil - AV+
 
Actualités   Politique People Sport Finance Gospel Music Life Style Vidéos Bien Être Cuisine Voyage Tech et Science
Paludisme: Une inquiétante résistance aux médicaments en Asie
Avec 220 millions de cas et près de 500.000 décès chaque année, le paludisme est un drame de santé publique auquel le monde a bien du mal à faire face, d’autant que les moustiques vecteurs de la maladie résistent de plus en plus aux insecticides. Et dans le Sud-Est asiatique, couve une menace qui va compliquer la lutte: jusqu’à 80% des parasites les plus courants dans la région sont devenus résistants à la combinaison de deux médicaments la plus utilisée (l’artémisinine et la pipéraquine), selon deux études publiées mardi dans The Lancet Infectious Diseases. «Accélérer l’élimination de P. falciparum (la plus dangereuse des espèces de Plasmodium, le parasite qui cause le paludisme, NDLR) dans cette région devient urgent», concluent les chercheurs.

En analysant les génomes de parasites prélevés chez des patients souffrant de paludisme entre 2007 et 2019 au Cambodge, Laos, nord-est de la Thaïlande et Vietnam, les auteurs indiquent qu’«après avoir émergé et circulé pendant de nombreuses années au Cambodge», les parasites résistants se sont diversifiés et ont acquis de nouvelles mutations génétiques, puis se sont rapidement répandus dans la région. Avant 2009, les souches résistantes n’ont été trouvées qu’au Cambodge, mais leur prévalence atteignait 50% des cas dans tous les pays analysés, excepté le Laos, en 2016-2017, pour excéder 80% au Vietnam et dans le nord-est de la Thaïlande.

Avec, à la clef, un taux grandissant d’échec des traitements. Dans une autre étude, les auteurs estiment que, sur 140 patients traités entre septembre 2015 et janvier 2018 dans la région, la combinaison dihydroartémisinine (un dérivé de l’artemisinine)-pipéraquine a échoué dans la moitié des cas dans le sud-ouest du Vietnam, dans 67% des cas dans l’ouest du Cambodge et 87% des cas dans le nord-est de la Thaïlande. «Ces résultats inquiétants indiquent que le problème de la multirésistance à Plasmodium falciparum s’est considérablement aggravé en Asie du Sud-Est depuis 2015», explique à l’AFP le Pr Olivo Miotto, du Wellcome Sanger Institute et de l’Université d’Oxford, co-signataire des deux études. «Cette souche parasitaire résistante très efficace est capable d’envahir de nouveaux territoires et d’acquérir de nouvelles propriétés génétiques.» En ligne de mire, «la perspective terrifiante» de la propagation du parasite en Afrique, où la plupart des cas de paludisme surviennent.

Pour leur part, les auteurs d’un essai comparatif dans trois pays de la région, dirigé par le professeur Arjen Dondorp de l’université Mahidol-Oxford (Bangkok, Thaïlande), appellent à l’abandon de la combinaison thérapeutique de première ligne même là où la résistance contre ce traitement n’a commencé à se manifester que très récemment. Ils pourraient être remplacés par d’autres traitements disponibles et efficaces, «comme la méfloquine ou la pyronaridine», ou par une association d’artemisinine avec deux autres médicaments, et non un comme actuellement, explique à l’AFP l’un des auteurs, le Pr Tran Tinh Hien (Oxford University Clinical Research Unit, Vietnam).

Source: Le Figaro