Le géant chinois a présenté Harmony OS, son système d’exploitation maison afin de contourner l’interdiction d’utilisation Android de Google.
La contre-attaque de Huawei est prête. Le numéro deux mondial des smartphones a en effet dévoilé son alternative à Android de Google baptisée HarmonyOS.
« Nous voulons apporter davantage d'harmonie dans le monde », a déclaré le directeur exécutif, Richard Yu. Reste que pour le moment, Huawei est pragmatique. Il entend continuer à utiliser l’Android de Google et ne déploiera HarmonyOS que « si c’était nécessaire ». Mais il sera capable de le faire immédiatement.
Rappelons qu’en mai dernier, l'américain Google, dont le système d’exploitation Android équipe l'immense majorité des smartphones dans le monde, suspendait ses relations avec le chinois, qui fait partie des entreprises jugées « à risque » par Washington.
Donald Trump a en effet signé un décret interdisant aux groupes américains de commercer dans les télécommunications auprès de sociétés étrangères jugées dangereuses pour la sécurité nationale, une mesure qui cible notamment et essentiellement Huawei, le géant chinois des télécommunications, bête noire de Washington. Si ce décret a été mis ‘en pause’ depuis, l’interdiction sera à nouveau à l’ordre du jour courant août.
Concrètement, Google a annulé la licence d’exploitation d’Android à Huawei. Ce dernier ne pourrait donc plus mettre à jour les applications incluses dans Android comme Gmail, YouTube ou Maps ou Android en lui-même. Pire, il ne pourrait plus utiliser le système pour ses prochains terminaux. Les utilisateurs n’auront plus accès aux applications Google dans les futurs smartphones de la marque.
Ceux qui ont tenté de contrer Android ont tous échoué Les conséquences de cette décision pourraient être catastrophiques pour le géant chinois. Sans Android, le fabricant pourrait voir ses ventes chuter brutalement alors qu’il connaît une croissance sans précédent. Ces ventes ont d’ailleurs baissé hors de Chine au deuxième trimestre.
Pour compenser cette interdiction, Huawei présente donc un OS (système d’exploitation) maison qui était en fait dans ses cartons depuis bien longtemps (2012). « Nous avons préparé notre propre système d'exploitation. S'il arrivait un jour que nous ne puissions plus utiliser ces systèmes, nous serions prêts. C'est notre plan B. Mais bien sûr, nous préférons travailler avec les écosystèmes de Google et de Microsoft » déclarait en mars dernier le même Richard Yu.
Quelles que soient les qualités intrinsèques de cet OS, cette solution risque d’être insuffisante dans le sens où elle ne permettrait toujours pas d’accéder aux services de Google (applications, PlayStore) qui sont au cœur des usages des mobinautes aujourd’hui. Huawei indique néanmoins que son OS sera compatible avec de nombreuses applications Android qui seront accessibles depuis sa propre boutique en ligne.
L’histoire est cruelle. Ceux qui ont tenté dans le passé de créer des alternatives à Android et iOS (Apple) se sont tous cassés les dents. Et il ne s’agit pas d’inconnus : Microsoft (avec Windows Phone) ou Samsung (Bada, Tizen) s’en souviennent encore avec douleur malgré de gros moyens mis en place. Jamais l’hégémonie d’Android n’a été brisée, tous ont du jeter l'éponge. Le défi sera donc immense pour le fabricant car les habitudes sont prises.
Bref, cette décision historique de Google devrait plomber quelque peu l’objectif de Huawei de devenir le numéro un mondial des smartphones d’ici 2020.
Mais Huawei a des atouts D'un autre côté, la prise de conscience autour de l'exploitation avide de nos données par Google, le besoin de plus de concurrence exprimé par de plus en plus de consommateurs, d'autorités (Commission européenne, FTC américaine) et d'industriels, pourraient peser dans la balance.
Si par exemple, d'autres fabricants se mettent à utiliser HarmonyOS, la donne pourrait changer (le système est open source donc ouvert et utilisable par des tiers). D'autant plus que l'OS a vocation à équiper les smartphones, mais aussi les tablettes, ordinateurs, téléviseurs et objets connectés. Le premier appareil équipé sera d'ailleurs un téléviseur.
Pour Google également, la décision de couper les ponts avec Huawei pourrait avoir un impact. Etant donné que son modèle économique est basé sur la captation des données des utilisateurs à travers ses applications, une coupure avec Huawei pourrait faire perdre à Google l'accès à des données essentielles de centaines de millions d'utilisateurs Huawei. Et donc lui faire perdre de substantiels revenus publicitaires.