Dimanche, une vaste foule, brandissant des pancartes sur lesquelles on lisait ''Hong Kong libre'' et ''La démocratie maintenant'', a de nouveau manifesté. Après dix semaines de contestation, la participation devait permettre de mesurer si le mouvement continue de bénéficier d'un large soutien parmi la population, malgré les scènes de violence des derniers jours et les mises en garde chinoises.
Plusieurs centaines de milliers de manifestants ont défilé sous la pluie et dans le calme, dimanche à Hong Kong. Après dix semaines de contestation, ses organisateurs, issus du Front civique des droits de l'homme, espèraient une réédition des marées humaines qui ont déferlé au mois de juin sur le territoire semi-autonome pour rejeter un projet de loi d'extradition vers la Chine puis exiger la démission de Carrie Lam, la cheffe de l'exécutif local. La participation devait permettre de mesurer si le mouvement de contestation continuait de bénéficier d'un large soutien parmi la population hongkongaise, après les scènes de violence qui ont marqué ces derniers jours, notamment lors de l'occupation de l'aéroport international Chek Lap Kok, où le trafic a été très perturbé en début de semaine.
Finalement, les organisateurs parlent de 1,7 million de manifestants. La police en a, elle, dénombrés 128.000 au parc Victoria, point de départ du défilé, au plus fort de la mobilisation.
Défense des libertés individuelles Lancé à l'origine contre un projet de loi aujourd'hui suspendu qui aurait autorisé l'extradition de suspects vers la Chine, le mouvement s'est élargi à une défense des libertés garanties dans le cadre du principe ''un pays, deux systèmes'' qui a présidé à la rétrocession de l'ex-colonie britannique, en 1997. Cette formule marque la souveraineté chinoise sur la ''région administration spéciale'' tout en garantissant l'autonomie du territoire et son respect des libertés individuelles.
Pour de nombreux Hongkongais, Pékin a resserré son emprise sur le territoire et remet en cause ce principe. La contestation exige aussi la démission de Carrie Lam et une enquête sur les violence policières.
Un défi au président chinois Xi Jinping La contestation en cours constitue la plus grave crise politique qu'ait vécue Hong Kong depuis la rétrocession. C'est aussi un défi lancé au président chinois Xi Jinping d'une ampleur sans précédent depuis son accession au pouvoir, en 2012. Et ce, alors que le Parti communiste chinois se prépare à célébrer le 1er octobre prochain le 70e anniversaire de la fondation de la république populaire.
A mesure que des incidents violents et des débordements émaillaient les manifestations, le pouvoir central chinois a haussé le ton, évoquant des formes de ''terrorisme'', et son discours musclé s'est accompagné de démonstrations de force, avec mobilisation massive de paramilitaires de la Police armée du peuple (PAP) à Shenzhen, à la frontière avec la ''région administrative spéciale'' de Hong Kong.
Une mise en garde très claire aux émeutiers de Hong Kong ''Le rassemblement de la Police armée du peuple à Shenzhen a adressé une mise en garde très claire aux émeutiers de Hong Kong'', a écrit vendredi l'éditorialiste du Global Times, journal tabloïd appartenant au Quotidien du Peuple, l'organe de presse du Parti communiste chinois.
L'exécutif hongkongais a également mobilisé ses soutiens: samedi, un rassemblement en faveur de la police du territoire a rassemblé 475.000 personnes selon les organisateurs, un peu plus de 100.000 selon la police.
Dimanche, à la nuit tombée, les forces de police qui étaient restées discrètes tout au long du parcours se sont déployées à Central, le quartier des affaires, où elles ont procédé à des contrôles des identités. Aucun incident n'a été signalé. Une forte présence policière entourait aussi le commissariat de police du Western District.