À 85 ans, Manu Dibango est Le, sinon au moins, l’un des musiciens camerounais les plus connus de son pays. Après six décennies de carrière, le saxophoniste continue à pratiquer son art avec enthousiasme. La musique est, dit-il, un trait d’union entre les cultures.
« Nous sommes des bâtisseurs de ponts de par nos histoires, souligne Manu. Soixante ans (de carrière), cela suppose quand même des ponts énormes entre l’Occident et les Afriques, je dis bien + Les Afriques +. C’est une chance de toute façon de pouvoir bâtir des ponts entre les deux. »
La source de son inspiration, Manu la trouve pourtant dans l’histoire de sa famille déjà bercée par la musique.
« Ma famille est protestante. Mon oncle paternel jouait de l’harmonium à l’époque des Allemands. Ma mère dirigeait la chorale, je suis un enfant élevé dans + Alléluia +. Cela n’empêche que je suis Africain, Camerounais et tout ça. Donc j’ai l’harmonie des Bach et des Haendel dans l’oreille avec les paroles camerounaises », résume le musicien.
L’ambassadeur de l’afro-jazz est entré dans la légende de la musique mondiale avec son tube Soul Makossa en 1972. Avant la notoriété, Manu est avant tout amoureux de son instrument, le saxophone.
« Si vous jouez du saxo, oups, ça c’est plutôt noir américain, vous n’êtes déjà plus tellement Africain dans la tête de certains. Et alors si vous jouez en plus du piano… vous êtes mal barré quoi, ironise Manu. Et pourtant, il y a des pianos dans tous les hôtels en Afrique. Dans tous les orchestres, il y a des guitares, des machins comme cela. Donc c’est des fantasmes que les gens mettent un peu sur vous. Et peut-être qu’une partie de votre vie, c’est de chasser les fantasmes. »
Malgré son âge Manu Dibango continue ses recherches. Avec la jeune génération, il explore des rythmes aussi divers que le reggae, le rap ou encore la musique électronique. La voix et les instruments de la légende continuent quand même de célébrer l’Afrique traditionnelle et le jazz contemporain.