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Football  
Coupe du monde: Asisat Oshoala, l'arme fatale du Nigeria
Considérée comme la meilleure joueuse du continent africain, elle sera l’atout numéro 1 des Super Falcons contre la France.

Appel en profondeur, accélération foudroyante, crochet de l’extérieur pour éliminer la gardienne, finition chirurgicale et joie intense. En inscrivant le second but de la victoire 2-0 du Nigeria contre la Corée du Sud, Asisat Oshoala a remis son équipe, les «Super Falcons» en selle pour une qualification pour les huitièmes de finale de la Coupe du monde après leur défaite initiale contre la Norvège (3-0). Élue meilleure joueuse de la rencontre, l’attaquante du FC Barcelone a montré qu’elle en avait sous le capot avant d’affronter la France, lundi à 21 heures. Après quatre éliminations successives en phase de poule, les joueuses de Thomas Dennerby devront prendre au moins un point pour figurer parmi les deux premières équipes du groupe A ou accrocher une place de meilleur troisième.

Pour réaliser cet exploit, les Nigérians auront les yeux rivés sur leur étoile de 24 ans. «En Afrique, Asisat est une superstar, constate Farid Benstiti, son ancien mentor au Dalian Quanjian, un club chinois. J’ai rencontré Asisat pour la première fois lorsque j’étais entraîneur du Paris-Saint-Germain, se remémore le Français. Un agent que je connais bien m’avait parlé de cette jeune joueuse qui évoluait avec les moins de 17 ans du Nigeria. Elle est venue faire un essai d’une semaine à Paris. À l’époque, on me l’avait présentée comme une milieu défensive, mais j’ai tout de suite senti que quelque chose clochait, qu’elle était plus attaquante que milieu.»


Le tremplin chinois

Déjà bien fourni au milieu de terrain, le PSG ne donne pas suite, mais Farid Benstiti garde un œil sur le joyau qui commence à évoluer plus haut sur le terrain en sélection. En 2014, elle marque sept buts à la Coupe du monde des moins de 20 ans et repart avec le trophée de meilleure joueuse. Élue meilleure footballeuse de la Coupe d’Afrique des nations avec le Nigéria, vainqueur cette année-là, Asisat Oshoala signe dans le championnat anglais en 2015. D’abord à Liverpool, puis à Arsenal où elle remporte une FA Cup en 2016 avant de croiser de nouveau la route de Farid Benstiti qui vient de prendre en main le Dalian Quanjian. «Lorsque je suis arrivé en Chine, son agent me l’a proposé de nouveau et j’ai sauté sur l’occasion, avoue le technicien. Elle avait progressé lors de son passage en Angleterre, mais pour moi ce n’était pas suffisant. Pendant quatre à six mois, nous avons énormément travaillé. Elle a progressé dans ses déplacements offensifs, tout en améliorant son pied gauche, son jeu de tête et son réalisme devant les buts.» La Nigériane termine meilleure buteuse dès sa première saison en Chine et fait la fierté de son entraîneur. «Asisat a besoin d’attention. Lors de mes deux années en Chine je me suis occupé d’elle comme de mon enfant, ressasse Farid Benstiti. On a été très solidaires, je crois que je l’ai aidée à progresser, en contrepartie elle m’a aidé à remporter des titres en faisant deux saisons exceptionnelles.»


elle m’a aidé à remporter des titres en faisant deux saisons exceptionnelles.»

Malgré les succès, le club chinois fait face à des difficultés financières et décide d’autoriser sa joueuse à aller voir ailleurs. Fin janvier, Asisat Oshoala est prêtée au FC Barcelone. Cinq mois plus tard, elle devient la première Africaine de l’histoire à disputer la finale de la Ligue des champions et marque le seul but des Catalanes lors leur naufrage face à l’Olympique lyonnais (4-1). Promue vice-capitaine des Super Falcons, Asisat Oshoala joue également un rôle important hors du terrain. «Elle vous met de l’ambiance dans un vestiaire, assure Farid Benstiti. Asisat est une leader. C’est un peu comme Wendie Renard que j’ai eu lorsque j’étais à Lyon. Ce sont des joueuses avec beaucoup de caractère qui montrent énormément de professionnalisme.»

Sur le front de l’attaque nigériane, la joueuse du Barça est généralement associée à Francisca Ordega et à Desire Oparanozie. «Nous sommes toutes les trois assez polyvalentes et notre animation offensive s’adapte en fonction de l’adversaire», prévient Desire Oparanozie, la capitaine. Dans une équipe championne d’Afrique en titre qui, selon cette dernière, «aime construire ses offensives depuis la défense», Asisat Oshoala dévore les espaces et exploite à merveille ses qualités physiques. Puissante, endurante, rapide et imprévisible, la Nigériane peut jouer aussi bien en pointe que sur un côté. Mercredi, contre la Corée du Sud, il est fréquemment arrivé à la meilleure joueuse africaine 2014, 2016 et 2017 de permuter avec ses coéquipières. Farid Benstiti pense qu’Asisat Oshoala figure aujourd’hui parmi les dix meilleures joueuses du monde mais estime qu’elle peut progresser. «Elle doit gagner en maturité, analyse son ancien mentor. Ça lui arrive encore de s’énerver lorsqu’elle n’arrive pas à faire ce qu’elle veut.» Face à des Françaises ultra-favorites, la petite reine du football nigérian devra maîtriser ses nerfs si elle souhaite permettre à son pays de sortir des poules pour la première fois depuis 1999.

Source: Libération