La police a quitté samedi matin le quartier de l’ancien président béninois Thomas Boni Yayi, ainsi que les alentours de son domicile, après quasiment deux mois d’encerclement.
La rue du quartier de Cadjehoun, à Cotonou, a été complètement libérée par les policiers filtrant le passage depuis le 1er mai et empêchant l’ancien chef de l’Etat, qui avait qualifié de “coup d’Etat électoral” les législatives controversées d’avril, de recevoir des visiteurs ou de sortir de son domicile.
“Nous avons assisté à une libération progressive qui a commencé vers minuit”, a indiqué à l’AFP un de proches de M. Boni Yayi qui vit avec lui.
La libération est devenue définitive depuis ce matin à 6 heures”, a poursuivi cette source.
“Cadjehoun est libéré de tout dispositif policier”, a assuré de son côté la police, dans un message envoyé à la presse.
Aucune réaction n’a été enregistrée dans l’immédiat de la part de l’ex président Boni Yayi qui a dirigé le Bénin de 2006 à avril 2016.
“Il est encore dans sa chambre et n’est même pas encore sorti ce matin”, assure son proche parent joint au téléphone par l’AFP.
“Nous voulons ardemment la paix maintenant”, avait déclaré vendredi le président béninois Patrice Talon au cours d’une séance de travail avec le roi, les chefs traditionnels et les cadres de la commune de Savè, localité qui a connu des émeutes violentes du 13 au 15 juin.
“J’ai personnellement pris des mesures… d’autres initiatives suivront”, avait indiqué le président.
Jeudi, au cours d’une rencontre similaire avec le roi et des personnalités de Tchaourou, commune d’origine de M. Boni Yayi, il avait rassuré ne pas en vouloir à son prédécesseur
“Je n’ai pas de problème personnel avec Boni Yayi”, avait assuré le président, lui reprochant toutefois “son manque de sagesse”.
Le 1er mai, quelques jours après les élections législatives auxquelles l’opposition n’a pas pu présenter de candidats, des centaines de personnes s‘étaient rassemblées autour du domicile de l’ancien président, craignant qu’il ne soit arrêté par les forces de l’ordre pour avoir demandé à son successeur d’arrêter le processus électoral et à la population de se soulever.
L’armée et la police avait finalement délogé les manifestants en ouvrant le feu sur la foule.
Selon Amnesty International, la répression a fait au moins “quatre morts par balle” (sept selon l’opposition).
Une soixantaine de personnes ont été arrêtées à la suite de ces manifestations et sont toujours incarcérées dans l’attente de leur procès.