Jean-Pierre Bemba, opposant et ex-chef de guerre, est arrivé, ce dimanche 23 juin, à Kinshasa, pour son deuxième retour en République démocratique du Congo (RDC), en moins d’un an, après avoir été condamné puis acquitté par la Cour pénale internationale (CPI) et avoir fait dix ans de prison.
Jean-Pierre Bemba est arrivé à Kinshasa, en provenance de Bruxelles. C’est la première fois qu’il rentre dans son pays depuis août 2018.
7 heures 30, son avion atterri à l’aéroport de N’djili. À l’aéroport, il a été accueilli par les cadres de son parti, mais aussi par deux leaders de la coalition Lamuka dont Martin Fayulu et Adolphe Muzito, qui s’est confié à RFI. « Avec son arrivée, c’est un des généraux qui arrive et qui vient renforcer le front, véritablement. On se sent beaucoup plus forts encore », a-t-il souligné.
À la question de savoir ce qui va changer avec cette arrivée, Adolphe Muzito est persuadé que « c’est la grande mobilisation pour la vérité des urnes, pour la rupture », a-t-il dit avant d’ajouter que « le peuple a changé, a voté pour les changements et je pense que nous y travaillons et nous y travaillons plus nombreux pour améliorer la stratégie. Absolument.» Et il annonce pour « bientôt, une tournée d’ensemble à travers le pays pour remercier la population pour avoir choisi un des nôtres comme président de la République et nous nous battrons pour qu’il en soit ainsi ».
Parcours mouvementé jusqu'à Sainte-Thérèse Au salon d’honneur de l’aéroport, Jean-Pierre Bemba prend des nouvelles et échange avec ses collaborateurs. Dehors, la mobilisation est d’abord timide. Aux abords des installations aéroportuaires, policiers et militaires se positionnent. C’est également le cas le long du boulevard Lumumba qui relie le centre-ville à l’aéroport. C’est à 12 heures que son cortège se dirige vers le terrain Sainte-Thérèse, lieu du meeting.
Progressivement, des milliers de personnes grossissent les rangs de ses militants pour ce parcours mouvementé et parsemé d’accrochages entre militants et forces de l’ordre. À certains endroits, aux gaz lacrymogènes de la police, les militants répondent par des projectiles. Après environ quatre heures de route, Bemba arrive à Sainte-Thérèse.
Rester mobiliser pour « le combat du changement » Jean-Pierre Bemba remercie ses partisans, rappelle les principaux axes de son engagement politique, condamne le tribalisme, évoque l’insécurité dans l’est du pays, la corruption et demande à ses militants de rester mobilisés pour, dit-il, le « combat du changement ». Il constate que la situation du pays est alarmante. Il cite notamment le cas de l’insécurité. « J’ai consenti des sacrifices pour rétablir la paix en 2001 entre les Hemas et les Lendus. Maintenant, j’apprends que les violences ont repris », déclare-t-il.
Dans son discours, il prône également la bonne gouvernance et dénonce la corruption. Il s’attaque aussi aux arrêts de la Cour constitutionnelle qui ont invalidé une vingtaine de députés de Lamuka. « Ce qui se passe à la Cour constitutionnelle, est-ce que c’est normal ? Un député élu avec 47 000 voix est remplacé par quelqu’un qui a obtenu 200 voix aux élections, est-ce que c’est normal ? Insiste-t-il. Voilà ce qui détruit la crédibilité de notre pays. »
Jean-Pierre Bemba annonce également que les leaders de Lamuka se réuniront bientôt et donneront un mot d’ordre le 30 juin.