Les forces de l'ordre éthiopiennes étaient toujours à la recherche dimanche soir du cerveau présumé des assassinats politiques de samedi. Quatre personnes sont décédées, dont le chef d'état-major des armées et le président de l'État-région Amhara, dans le nord-ouest du pays.
Plusieurs arrestations ont eu lieu rapidement, mais des opérations sont encore en cours, selon la porte-parole du bureau du Premier ministre, après ce que le gouvernement éthiopien a qualifié de « tentative de coup d’État ».
Les autorités accusent le chef de la sécurité de l'Amhara, le général Asaminew Tsige, d'être derrière l'attaque. Arrêté pour un présumé complot remontant à 2009, amnistié et libéré en 2018, il est toujours en fuite. Asaminew Tsige occupait un poste stratégique dans cette région traversée par de profondes divisions.
La région Amhara est à l’image de l’ensemble du pays, tiraillée entre groupes nationalistes, voire séparatistes, et mouvements unionistes. La région Amhara est la deuxième en termes de population, probablement autour de 30 millions d’habitants.
Elle est l’une des régions historiques de l’Éthiopie moderne, tel qu’elle s’est construite depuis un siècle et demi. La langue de l’administration est d’ailleurs l’amharique. Beaucoup de dirigeants ont été issus de cette communauté Amhara, mais pas depuis l’avènement du régime actuel il y a près de trente ans. Et cela contribue probablement à nourrir un sentiment nationaliste, la nostalgie en quelque sorte d’une grande Éthiopie sous domination Amhara.
Abiy Ahmed est arrivé au pouvoir à la suite d’une alliance entre hommes politiques des deux grands blocs, Amhara et Oroumo, avec une volonté plutôt unioniste. Mais hors de la coalition au pouvoir, d’autres groupes défendent un agenda nationaliste avec parfois une logique de confrontation.
Le cerveau présumé de ces attaques de samedi soir est un nationaliste Amhara. Point important à retenir : les élections générales doivent se tenir l’année prochaine en Éthiopie.