Le défenseur napolitain Kalidou Koulibaly s'est exprimé sur les problèmes de racisme en Italie. Il raconte un match face à la Lazio, en 2016, qui l'a profondément marqué.
Kalidou Koulibaly s'est confié au site Players' Tribune, qui donne la parole aux sportifs dans des textes à la première personne. Le défenseur central de Naples, particulièrement courtisé cet été, y parle de sa jeunesse, de ses années à Metz avant de rejoindre la Belgique puis l'Italie, mais aussi du racisme. Pour lui, le tournant a été un match contre la Lazio à Rome, en 2016.
''Peut-être que c'était déjà arrivé'' ''L'enfant qui m'accompagnait sur le terrain m'a demandé mon maillot, je lui ai promis, raconte-t-il. Mais après la rencontre, j'étais énervé. Très énervé. Je me suis demandé s'ils faisaient des bruits de singes. Qu'est-ce qui se passe? Peut-être que c'était déjà arrivé mais je n'avais jamais remarqué. J'ai demandé à mes coéquipiers 'C'est moi ou ils me huent à chaque fois que je touche le ballon?'''
L'arbitre de la rencontre a alors décidé d'interrompre temporairement le match. ''Il m'a dit 'Ne vous inquiétez pas, je suis avec vous, on va faire une pause et les obliger à arrêter les cris, se souvient Koulibaly. Si vous voulez qu'on arrête le match complètement, dites-le moi.' J'ai trouvé ça courageux mais je lui ai dit ''Non, continuons. Finissons le match et nous verrons après.''
''Est-ce anormal d'être noir dans ce monde?'' Le défenseur sénégalais souligne la profonde tristesse et l'incompréhension ressenties à ce moment-là. ''Tu te sens offensé, non respecté, explique-t-il. Je me suis dis 'Est-ce anormal d'être noir dans ce monde?' Tu dois prétendre que tout est ok, mais tout n'est pas ok. Donc nous avons terminé le match, mais ils n'ont pas arrêté les cris.''
Mais Koulibaly n'a pas oublié son échange avec le jeune Romain. ''Je suis sorti très en colère, puis je me suis rappelé de ma promesse. Je suis revenu, j'ai retrouvé l'enfant. Il m'a dit 'Désolé pour ce qui s'est passé.' Cela m'a touché. Ce petit gars qui s'excuse pour je ne sais pas combien d'adultes. Et la première chose à laquelle il pense, c'est comment je me sens. C'est l'esprit d'un enfant, c'est ce qu'il manque dans ce monde.''
''Nous devons faire mieux'' Il appelle à plus de sévérité en Serie A. ''Nous devons faire mieux, insiste-t-il. Un incident arrive, le club fait un joli communiqué et puis cela se reproduit. En Angleterre, ça a changé. Quand la personne est identifiée, elle est exclue à vie du stade. J'espère qu'un jour ce sera pareil en Italie. Mais je me demande aussi comment changer les gens. Comment atteindre leur coeur? Je n'ai pas de réponse pour ça. Tout ce que je peux faire, c'est raconter mon histoire.''