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Coupe du monde au Qatar 2022: Ce que l’on sait de l’enquête en cours
Le Qatar s’est-il vu attribuer la Coupe du monde 2022 de football grâce, en partie, à un déjeuner organisé à l’Elysée, le 23 novembre 2010 ? Telle est la principale question que se pose, depuis quatre ans, la justice française. Au terme de son enquête préliminaire pour « corruption privée », « association de malfaiteurs », « trafic d’influence et recel de trafic d’influence », le Parquet national financier (PNF) a ouvert une information judiciaire, en décembre 2019. Deux juges d’instruction ont été saisis du dossier suite à l’ouverture d’une information judiciaire par le Parquet national financier. La justice française souhaite réentendre, cette fois à Paris, Sepp Blatter, l’ex-président de la FIFA.

Le Qatar s’est-il vu attribuer la Coupe du monde 2022 de football grâce, en partie, à un déjeuner organisé à l’Elysée, le 23 novembre 2010 ? Telle est la principale question que se pose, depuis quatre ans, la justice française. Au terme de son enquête préliminaire pour « corruption privée », « association de malfaiteurs », « trafic d’influence et recel de trafic d’influence », le Parquet national financier (PNF) a ouvert une information judiciaire, en décembre 2019.

Selon nos informations, deux juges d’instruction ont été désignés pour faire la lumière sur les conditions d’obtention du prochain Mondial par l’émirat et tenter de briser l’omerta entretenue, depuis dix ans, par l’entourage de Nicoals Sarkozy à propos de ce déjeuner, organisé quelques jours avant le scrutin d’attribution du tournoi, le 2 décembre 2010.

A sa table, le président de la République avait convié Michel Platini, alors président de l’Union des associations européennes de football (UEFA), l’émir actuel du Qatar, Tamim ben Hamad Al-Thani, et le cheikh Hamad ben Jassem Al-Thani, alors respectivement premier ministre et ministre des affaires étrangères de l’émirat. Selon les archives de l’Elysée, auxquelles Le Monde a eu accès, Sophie Dion, conseillère chargée des sports de M. Sarkozy, et Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, ont également participé à ce déjeuner.

Le 18 juin 2019, M. Platini et Mme Dion ont été placés en garde à vue à Nanterre, dans les locaux de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), avant d’en sortir libres. M. Guéant a, lui, été auditionné sous le statut de « suspect libre ». Les enquêteurs ont croisé leurs versions divergentes concernant le déjeuner.

Rachat du PSG, création de BeIN Sports

Pour le PNF, ce déjeuner alimente les soupçons de collusion d’intérêts et d’interventionnisme d’Etat dans les affaires sportives. Il a eu lieu quelques mois avant le rachat du Paris-Saint-Germain, en juin 2011, par le fonds Qatar Sports Investments (QSI). M. Platini, qui a reconnu avoir voté pour l’émirat, assure qu’il a déconseillé aux Qataris de réaliser cette transaction. Depuis 2006, le PSG était la propriété du fonds américain Colony Capital, dont le représentant en France était l’homme d’affaires Sébastien Bazin, ami de M. Sarkozy.

Alors que ses coffres bancaires ont été ouverts et ses comptes en banque examinés par la justice française, M. Platini a toujours assuré qu’il ignorait la venue des Qataris à ce déjeuner. « Ce déjeuner était de mon initiative, confiait-il au Monde, en septembre 2019. M. Sarkozy ne m’a jamais demandé de voter pour le Qatar. J’ai cru comprendre, puisqu’il y avait les Qataris, qu’il voulait que je le fasse. »

Lors de sa garde à vue, l’ex-président de l’UEFA est revenu sur l’embauche de son fils, en 2011, par l’équipementier Burrda, propriété de QSI. Il a affirmé aux enquêteurs que celui-ci, ex-directeur juridique du PSG, n’a pas bénéficié de son aide et a été présenté aux responsables qataris via Colony capital, son ancien employeur.

Lors de sa confrontation avec M. Guéant et Mme Dion, l’ex-numéro 10 des Bleus a confirmé la participation de M. Guéant au déjeuner, et dit se souvenir vaguement de la présence de Mme Dion.

Cette dernière a reconnu avoir organisé la réunion, avoir figuré sur le plan de table, mais assure ne pas y avoir participé. L’ancienne députée de Haute-Savoie (Les Républicains), ex-vice-présidente du groupe d’amitié France-Qatar à l’Assemblée nationale, n’a pas donné suite à nos sollicitations. « Je confirme ne pas avoir participé à ce déjeuner », a répondu M. Guéant au Monde.

Les notes de Mme Dion

Après la garde à vue de juin, Le Monde a appris que la justice française disposait de plusieurs notes de Mme Dion, dans lesquelles elle revient sur le positionnement de M. Platini dans le cadre du processus d’attribution du Mondial 2022.

Au début de l’automne 2010, le président de l’UEFA a d’abord semblé pencher pour les Etats-Unis, défaits par le Qatar lors du scrutin, avant de changer d’avis. En octobre il a rencontré l’actuel émir du Qatar à Genève, à l’occasion de la présentation du dossier de candidature qatari à l’UEFA.

La justice française cherche aussi à savoir s’il y a eu un renvoi d’ascenseur entre M. Sarkozy et M. Platini autour de l’attribution de l’Euro 2016, en France. En mai 2010, M. Sarkozy s’était rendu à Genève, comme son homologue turc, lors de la courte victoire dans les urnes (7 voix contre six) de l’Hexagone face à la Turquie.

Selon nos informations, M. Sarkozy avait fait part à M. Platini, quinze jours avant le scrutin, de sa réticence à venir en Suisse sans « garantie » de victoire de la France. M. Platini lui aurait répondu qu’il n’était pas en mesure d’infléchir l’issue du scrutin, celui-ci se tenant à bulletin secret.

« « S’il ne veut pas venir, qu’il ne vienne pas, a dit fermement M. Platini à l’assistante de Sarkozy au téléphone, raconte un ex-cadre de l’UEFA. Les deux événements, Euro 2016 et Mondial 2022, ne sont pas liés : le Qatar était beaucoup plus stratégique pour Sarkozy que l’Euro en France. » Contacté par Le Monde, l’avocat de M. Sarkozy, Thierry Herzog, n’a pas donné suite.

La justice française souhaite réentendre Sepp Blatter

Par ailleurs, la justice française s’intéresse à un contrat passé entre la Fédération internationale de football (FIFA) et la chaîne qatarie Al-Jazira, trois semaines avant le scrutin d’attribution. Un bonus de 100 millions de dollars (89 millions d’euros) était prévu en cas de victoire de l’émirat. La somme a été versée à la FIFA.

Les enquêteurs français souhaitent réentendre l’ex-président suisse de la FIFA, Sepp Blatter. En avril 2017, des magistrats du PNF l’avaient interrogé comme témoin, à Zurich. Devant les enquêteurs, M. Blatter avait regretté la victoire de l’émirat et accusé M. Platini d’avoir voté pour le Qatar sous l’influence de M. Sarkozy. Pourtant, c’est le Suisse qui avait proposé, en 2008, à l’émir du Qatar d’être candidat à l’attribution du Mondial. Cette fois, la justice française veut auditionner M. Blatter à Paris.

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Source: Le Monde