Les avocats de Donald Trump ont appelé lundi le Sénat américain à ''acquitter immédiatement'' le président des Etats-Unis, à la veille de l'ouverture des débats à son procès historique en destitution.
Le milliardaire républicain, qui n'est pas personnellement appelé à comparaître, devait lui s'envoler dans la soirée pour Davos, en Suisse, où il pourra se montrer au travail avec l'élite économique mondiale au moment où les sénateurs auront son destin en main.
Lundi, il a de nouveau accusé sur Twitter les démocrates d'avoir fait preuve de ''ZERO impartialité'' dans l'enquête de la Chambre des représentants, où ils sont majoritaires.
Cette enquête a abouti en décembre, avec les seules voix démocrates, à la mise en accusation pour abus de pouvoir et entrave au travail du Congrès du 45e président des Etats-Unis -- le troisième seulement à subir l'affront d'un procès en destitution, après Andrew Johnson en 1868 et Bill Clinton en 1999.
Donald Trump est accusé d'avoir demandé à l'Ukraine d'enquêter sur son potentiel adversaire à la présidentielle américaine de novembre, Joe Biden. Et d'avoir fait pression sur Kiev en conditionnant notamment une aide militaire cruciale à l'annonce d'une telle enquête.
Le procès s'est ouvert jeudi par la prestation de serment de sénateurs en tant que jurés, mais entrera dans le vif du sujet mardi à 13H00 (18H00 GMT) sous la présidence du chef de la Cour suprême John Roberts.
L'équipe légale du président a soumis lundi au Sénat son argumentaire de défense, un mémorandum de 110 pages dans lequel elle dénonce un ''processus truqué'' qui a abouti à ''une perversion dangereuse de la Constitution'' -- dans les pas de Donald Trump qui affirme depuis des mois faire l'objet d'une ''chasse aux sorcières''.
- ''Froid dans le dos'' -
''Le Sénat devrait rejeter l'acte d'accusation et acquitter le président immédiatement'', estiment ses avocats. Selon eux, les chefs d'accusation sont ''inconsistants'' car ''ils ne comportent aucun crime ou violation de la loi'' et ne sont donc pas passibles de destitution.
''Le président n'a rien fait de mal'', insistent-ils.
Pour les démocrates chargés d'assumer le rôle des procureurs, le président affirme ainsi ''que le Sénat ne peut pas le destituer même si les accusations contre lui sont prouvées''.
''C'est une affirmation qui fait froid dans le dos, et est totalement fausse'', déplorent-ils dans un document également soumis lundi, estimant que l'attitude de l'ex-magnat de l'immobilier ''souligne seulement la menace persistante qu'il représente pour la nation s'il est autorisé à rester en fonctions''.
En réalité, l'acquittement semble pratiquement assuré pour Donald Trump, grâce à la majorité républicaine du Sénat qui fait bloc derrière lui. La durée des débats reste en revanche en suspens.
''Nous tentons de démontrer que ces chefs d'accusation sont clairement infondés, donc il ne devrait même pas y avoir besoin de poursuivre plus avant, ils pourraient être rejetés dès le début'', a expliqué à la presse une source proche de l'équipe de défense de la Maison Blanche.
Mais elle a a refusé d'entrer dans le détail de sa stratégie.
A la veille du jour J, en effet, le plus grand flou plane encore sur le déroulement et le timing du procès, qui devrait d'ailleurs démarrer par des votes pour fixer la procédure.
Selon des membres du camp présidentiel, l'influent Mitch McConnell, chef de la majorité républicaine au Sénat, souhaite imposer des débats à marche forcée, bien décidé à offrir à Donald Trump l'acquittement rapide qu'il espère.
Au programme, d'après ces sources, il y aurait donc deux journées de douze heures pour l'accusation et autant pour la défense afin qu'elles exposent leur argumentaire, puis 16 heures de questions des sénateurs, soumises par écrit au président de la Cour suprême.
Ce n'est qu'après cette première phase que Mitch McConnell entend mettre aux voix la question cruciale des témoins.
Les démocrates réclament en effet que quatre acteurs-clés de l'affaire ukrainienne soient convoqués à la barre, dont le chef de cabinet de la Maison Blanche Mick Mulvaney et l'ex-conseiller à la sécurité nationale John Bolton.
Mais pour cela, ils doivent remporter à chaque fois un vote, ce qui s'annonce difficile au regard du rapport de forces au Sénat, où les républicains disposent de 53 élus sur 100.