CONFLIT: Hôte du président turc Recep Tayyip Erdogan, le président Macky Sall a découragé toute option de résolution écartant les pays du continent.
Dans le ballet diplomatique qui s'agite autour de la Libye, l'Afrique fait de plus en plus entendre sa voix. Mardi, Macky Sall, qui s'exprimait à l'issue d'un entretien avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, a appelé à « une solution politique » en Libye impliquant l'Union africaine. « Je lui ai indiqué l'inquiétude du continent africain sur les conséquences de ce qui se passe actuellement en Libye et, avant tout, notre volonté d'impliquer l'Union africaine dans toute recherche de solution », a expliqué le président sénégalais devant la presse.
« L'inquiétude de l'Afrique est que toutes ces armes risquent de transiter par le Sahel. Notre conviction est que le conflit libyen se résoudra par la voie politique et non la voie militaire », a-t-il ajouté. Le Conseil de sécurité de l'ONU discute en ce moment d'un projet de résolution réclamant « un cessez-le-feu permanent » en Libye. Le texte évoque des « contributions d'organisations régionales » pour la surveillance de ce cessez-le-feu, référence implicite à celles qui pourraient être apportées par l'UE et par l'Union africaine. Un sommet de l'Union africaine consacré à la Libye est d'ailleurs prévu jeudi à Brazzaville.
La Turquie de plus en plus impliquée en Afrique
La Libye est plongée dans le chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, après une révolte populaire et une intervention militaire menée par la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis. Une intervention que désapprouvait l'Afrique et dont les voisins de la Libye se plaignent toujours amèrement. Le pays est aujourd'hui déchiré entre le gouvernement d'union (GNA), reconnu par l'ONU et basé à Tripoli, et un pouvoir incarné par l'homme fort de l'Est, le maréchal Khalifa Haftar. La Turquie soutient ouvertement le GNA et a récemment autorisé l'envoi de militaires en Libye.
S'exprimant aux côtés de Macky Sall, Recep Tayyip Erdogan s'est attaqué au maréchal Haftar, qu'il a qualifié de « légionnaire » qui utilise « des moyens financiers et des équipements fournis par Abou Dhabi et par l'Égypte ». Son rival du GNA, Fayez-el Sarraj, est en revanche un « leader reconnu par l'ONU ». « Est-ce qu'on peut vraiment les comparer ? Ce n'est pas possible. Haftar n'a aucune reconnaissance politique, ni en Libye ni dans le reste du monde », a-t-il dit.
Une implication turque dans le conflit libyen qui illustre bien les nouvelles aspirations africaines de la Turquie. Le pays a d'ailleurs renforcé ces dernières années sa présence au Sénégal en s'impliquant notamment dans la construction d'infrastructures de premier plan, dont un nouvel aéroport et un complexe sportif ultra-moderne près de Dakar. « Nous considérons les peuples d'Afrique comme des frères et soeurs avec qui nous partageons le même destin », a fait savoir le président turc. Sept nouveaux accords bilatéraux ont été signés mardi avec Dakar, portant notamment sur la culture, la santé, le sport, la coopération militaire et la gestion des catastrophes.