« Prendre un site culturel pour cible est un crime de guerre », a assuré le chef du Pentagone, qui a tenté d’éteindre la polémique. Le Pentagone se désolidarise… de son propre chef des forces armées. Le chef du Pentagone, qui abrite aux Etats-Unis le quartier général du Département de la Défense, a pris ses distances avec Donald Trump lundi 6 janvier, après que le président américain a menacé l’Iran de frapper certains de ses sites culturels. Les relations des deux pays sont plus tendues que jamais depuis l’assassinat du général iranien Qassem Soleimani lors d’une frappe américaine.
Le Pentagone se désolidarise… de son propre chef des forces armées. Le chef du Pentagone, qui abrite aux Etats-Unis le quartier général du Département de la Défense, a pris ses distances avec Donald Trump lundi 6 janvier, après que le président américain a menacé l’Iran de frapper certains de ses sites culturels. Les relations des deux pays sont plus tendues que jamais depuis l’assassinat du général iranien Qassem Soleimani lors d’une frappe américaine.
« Nous respecterons les lois sur les conflits armés », a tempéré le chef du Pentagone, Mark Esper, par ailleurs secrétaire américain à la Défense, lors d’une conférence de presse. A une journaliste qui lui a demandé de préciser ses propos, il a répondu : « Cela veut dire non, parce que prendre un site culturel pour cible est un crime de guerre. »
Une « idée » de Trump très controversée
Des déclarations qui viennent contredire celles de Donald Trump, qui déclarait samedi sur Twitter qu’en cas de riposte de l’Iran, les Etats-Unis avait repéré « 52 sites iraniens […] dont certains à des niveaux très élevés et importants pour l’Iran et la culture iranienne ».
Ces propos avaient immédiatement déclenché une polémique, beaucoup, dont Téhéran, l’accusant de préparer des crimes de guerre. L’idée a déclenché des remous au sein même du camp républicain.
Interrogé sur le sujet par un journaliste le lendemain, Donald Trump en avait remis une couche en s’indignant que l’Iran pouvait « tuer nos ressortissants » alors que « [les Etats-Unis] n’ont pas le droit de toucher à leurs sites culturels ». « Ça ne marche pas comme ça », avait-il estimé, comme le rapporte le « New York Times ».
L’Unesco hausse le ton
Les biens culturels sont protégés par les traités qui régissent les droits de la guerre. Comme le rappelle « le Figaro », une résolution de l’ONU a rangé en 2017 certaines destructions de biens culturels sous la désignation de crime de guerre.
« La destruction délibérée du patrimoine est un crime de guerre, avait alors prévenu la directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova. Elle est devenue une tactique de guerre pour mettre à mal les sociétés sur le long terme, dans une stratégie de nettoyage culturel. C’est la raison pour laquelle la défense du patrimoine culturel est bien plus qu’un enjeu culturel, c’est un impératif de sécurité, inséparable de la défense des vies humaines ».
Lundi, après les menaces de Donald Trump, l’Unesco a d’ailleurs rappelé que Washington a ratifié deux conventions protégeant les biens culturels en cas de conflit.
Dans un nouveau rebondissement de la polémique, une source gouvernementale anonyme a assuré par ailleurs au « New York Times » qu’aucune des 52 cibles iraniennes évoquées par le président américain n’était un lieu culturel, reléguant les menaces de Donald Trump à un énième coup de sang doublé d’un refus d’avoir tort. Rien qui n’arrange, cependant, les relations extrêmement tendues entre les Etats-Unis et l’Iran.