Le projet d’accord prévoit la construction, près de Port-Soudan, sur la côte, d’un carrefour logistique pour la marine russe. Ce centre de soutien sera destiné aux réparations, au réapprovisionnement et au repos du personnel.
Le Kremlin a donné son feu vert à la construction d’une base navale au Soudan. Celle-ci pourra accueillir jusqu’à 300 personnes, civils et militaires, et quatre navires de guerre, notamment à propulsion nucléaire. D’après le projet, la Russie aura le droit de transporter, via les ports et aéroports soudanais, des armes, munitions et équipements destinés au fonctionnement de sa base. Ce site sera le premier du genre pour Moscou en Afrique, et le second dans le monde, après celui de Tartus, en Syrie.
Une coopération de longue date
La Russie a une longue coopération militaire avec le Soudan, décrit notre correspondant régional, Sébastien Nemeth. L’URSS avait notamment livré des armes pendant les deux guerres civiles soudanaises. Les échanges s’étaient réduits après la chute de l’Union soviétique, mais l’empreinte de Moscou dans le pays n’a jamais disparu.
Sous Omar el-Béchir, la Russie a été accusée de violer l’embargo sur les armes. L’idée de cette base aurait d’ailleurs été soulevée par le dictateur déchu lors d’un voyage en Russie fin 2017. Moscou avait d’abord décliné, préférant resserrer les liens commerciaux. S’ensuivit l’apparition de sociétés militaires privées russes, qui auraient entraîné les troupes soudanaises, voire pris part à la répression de la révolution fin 2018. Mais à la chute d’Omar el-Béchir, l’idée de base navale n’a pas été enterrée, bien au contraire.
Selon les experts, une base à Port-Soudan aura beaucoup d’avantages. Les marins des flottes du Nord n’auront plus à subir des transitions épuisantes afin de passer plusieurs mois dans l’océan Indien. La position du Soudan est également stratégique, sur la mer Rouge, face au golfe d’Aden. Près de 10 % des marchandises commercialisées dans le monde passent dans ce carrefour d'échanges maritimes entre l’Europe et l’Asie,
Une influence grandissante sur le continent
Il y a un an à Sotchi, lors du premier sommet Russie-Afrique, Moscou avait clairement affiché sa volonté de doubler ses échanges commerciaux avec le continent. Et la Russie s’est lancée dans des projets l’extraction minière en Guinée, Afrique du Sud,au Zimbabwe, ou au Soudan.
La Russie est aussi le plus grand fournisseur d’armes en Afrique, notamment en Algérie, en Égypte, en Angola. Ces dernières années, elle a signé des accords de coopération militaire avec près de 20 pays d’Afrique, dont la Centrafrique.
Moscou tente également depuis des années d’installer une base militaire dans la région de la corne de l’Afrique, notamment à Djibouti, mais sans succès.