La disparition de Jerry John Rawlings le 12 novembre, quelques semaines avant le scrutin présidentiel du 7 décembre, a imposé l’ancien président dans le débat électoral. Et comme son illustre prédécesseur Kwame Nkrumah, son héritage est contesté.
Une partie de l’élite ghanéenne a tout de suite porté le deuil, se préparant pour des obsèques nationales, pendant que l’autre rappelait surtout les excès d’un régime sanglant qui, quatre décennies plus tôt, envoyait des généraux devant un peloton d’exécution et n’hésitait pas à kidnapper trois juges pour les assassiner en pleine nuit.
Parfois, le fossé entre progressistes et conservateurs en Afrique peut être aussi profond qu’en Europe ou en Amérique du Nord. Mais dans certains cas, les allers-retours incessants des uns et des autres alimentent au contraire les idéologies des deux camps. Au Ghana, la plupart des conservateurs ne pourront jamais pardonner à Rawlings et sa cohorte d’avoir voulu mettre en place une République populaire au début des années 1980, le tenant responsable des vies alors perdues, comme de la descente aux enfers de l’économie du pays.
Au début, travailleurs et étudiants ont fêté le zèle réformateur de Rawlings, cet as des forces aériennes, obsédé par le moindre détail technique. Par la suite, les militants et les syndicalistes les plus radicaux, détenus en prison pour leurs activités anti-gouvernementales, sont devenus les adversaires les plus durs d’un président qui, au fil du temps, pencha selon eux toujours.