Le contrat JEDI (Joint Enterprise Defense Infrastructure), d'une valeur de 10 milliards de dollars et qui s'étend sur dix ans, vise à moderniser la totalité des systèmes informatiques des forces armées américaines dans un système géré par intelligence artificielle.
Le contrat JEDI (Joint Enterprise Defense Infrastructure), d'une valeur de 10 milliards de dollars et qui s'étend sur dix ans, vise à moderniser la totalité des systèmes informatiques des forces armées américaines dans un système géré par intelligence artificielle.
C'est une première victoire pour Amazon dans l'affaire du contrat JEDI. Le géant du numérique vient de marquer un point dans la bataille qui l'oppose à Microsoft pour continuer à dominer le marché du cloud : une juge américaine a accepté jeudi 13 février sa requête d'ordonner la suspension d'un mégacontrat du Pentagone, attribué à Microsoft fin octobre. La plateforme de commerce en ligne accuse le président Donald Trump d'avoir influencé la décision du ministère de la Défense sans considération pour les arguments objectifs, qui, selon lui, penchent largement en sa faveur, que ce soit en termes d'expérience ou de technologie.
Le contrat JEDI (Joint Enterprise Defense Infrastructure), d'une valeur de 10 milliards de dollars et qui s'étend sur dix ans, vise à moderniser la totalité des systèmes informatiques des forces armées américaines dans un système géré par intelligence artificielle. Amazon a déposé une plainte formelle en janvier, et jeudi une cour fédérale a ordonné une injonction temporaire, interdisant donc au Pentagone d'avancer sur ce contrat, d'après un résumé des documents juridiques disponible en ligne.
Retard ''inutile''
''Nous sommes déçus par ce délai supplémentaire, mais nous pensons qu'au final nous pourrons aller de l'avant et accomplir le travail nécessaire pour que ceux qui servent notre pays puissent utiliser les nouvelles technologies dont ils ont besoin, de façon urgente'', a réagi Frank Shaw, vice-président de Microsoft en charge de la communication. ''Nous avons confiance dans le ministère de la Défense, et nous croyons que les faits montreront qu'il a mené un processus d'attribution détaillé, étayé et juste pour parvenir à la conclusion que Microsoft répondait le mieux aux besoins des combattants'', a-t-il ajouté.
Se disant également ''déçu'', le Pentagone a regretté pour sa part que cette procédure judiciaire retarde ''inutilement la mise en oeuvre de la stratégie de modernisation du ministère de la Défense et prive les soldats d'un lot de capacités dont ils ont urgemment besoin''. ''Nous sommes confiants dans notre choix de Microsoft pour ce contrat JEDI'', a ajouté le ministère.
Envoyer paître Amazon
La juge a précisé qu'Amazon devait fournir 42 millions de dollars qui seront utilisés pour couvrir les dommages et intérêts si jamais l'injonction était au final considérée comme injustement accordée. Dès la conclusion de l'appel d'offres cet automne, Amazon avait vivement protesté. Cette semaine, le groupe s'est attaqué directement au président américain et à d'autres hauts responsables du ministère, exigeant qu'ils s'expliquent en personne sur cette attribution.
''Le président Trump a démontré maintes fois sa volonté d'utiliser sa qualité de chef des Armées pour interférer avec des fonctions gouvernementales, y compris l'attribution de contrats fédéraux, à des fins personnelles'', a déclaré lundi un porte-parole de la division Amazon Web Services (AWS). Il fait notamment référence à des propos rapportés par James Mattis. L'ancien secrétaire d'Etat américain à la Défense avait indiqué que Donald Trump lui avait dit ''d'envoyer paître Amazon'' lors d'une discussion sur ce contrat.
Jeff Bezos, le patron d'Amazon, est la cible fréquente d'attaques virulentes de la part du président républicain, notamment en raison de son investissement dans le Washington Post, un des journaux parmi les plus critiques de Donald Trump et de son gouvernement.
Se placer sur le cloud
Pour Amazon, l'enjeu est de taille : il s'agit de continuer à dominer un secteur que la firme de Seattle a en bonne partie lancé et qui connaît une très forte croissance. Au quatrième trimestre 2019, les dépenses dans les infrastructures de cloud dans le monde ont bondi de 37% en un an, à 30 milliards de dollars, d'après le cabinet d'études Canalys. Amazon Web Services domine largement le gâteau avec 32% des parts de marché sur cette période, mais ce chiffre est en légère en baisse, tandis que Microsoft, le numéro 2, a progressé de 15 à 18%.
Ce contrat ''change la donne en faveur de Microsoft avec un effet d'entraînement pour des années'', estimait Daniel Ives, en janvier. L'analyste de Wedbush pense que le groupe de Satya Nadella est désormais bien placé pour remporter une part plus importante qu'Amazon ''du prochain trillion de dollars qui devrait être dépensé dans le cloud pendant les dix prochaines années''. Mais d'après Bob O'Donnell, de Technalysis Research, ''un seul projet ne suffira pas à inverser la tendance de fond''.