Le président français était ce samedi 15 février à la conférence sur la sécurité à Munich. S'il a défendu sa politique à l'égard de la Russie, Emmanuel Macron a averti que Moscou allait continuer de s'ingérer dans les élections en Occident.
« Je pense que la Russie continuera à essayer de déstabiliser, soit [via] des acteurs privés, soit directement des services, soit des ''proxies'' [intemédiaires, ndlr] », a déclaré Emmanuel Macron.
Pour le président français, la Russie « continuera d'être un acteur extrêmement agressif sur ce sujet dans les prochains mois et les prochaines années et dans toutes les élections, elle cherchera à avoir des stratégies de la sorte ou elle aura des acteurs. »
« Face à ces attaques, nous avons très peu d'anticorps » a concédé Emmanuel Macron. Il faut « renforcer les défenses technologiques, les coopérations entre services » occidentaux afin d'identifier et « attribuer » ces attaques qui restent souvent anonymes.
Appel au dialogue
Le chef de l'État français a cependant appelé l'Europe à dialoguer avec la Russie pour aboutir à des « stratégies de désescalade » et à une « transparence commune ». Car à moyen terme, justifie-t-il, Moscou ne pourra pas jouer le même rôle qu'aujourd'hui sur la scène internationale.
« La Russie a construit ces dernières années une armada militaire incroyable. Elle a continué à investir quand on avait stoppé. Cette stratégie est-elle soutenable pour elle ? interroge Emmanuel Macron. Sur le plan financier, je ne crois pas. Parce que simplement elle a un produit intérieur brut qui est celui plutôt d’une économie moyenne. Si je me mets à la place de la Russie, je me dis : la stratégie que j’ai eue ces dernières années me donne une crédibilité aujourd’hui. Est-ce qu’elle est soutenable à 20 ans, je ne suis pas sûr. Ensuite, elle a maximisé par notre faiblesse et nos désaccords son rôle dans toutes les crises régionales – Syrie, Libye, sur certains sujets africains et ailleurs. Est-ce que c’est soutenable ? Compliqué. »
Aux yeux du président français, la Russie, un « énorme pays », connaît aussi une « démographie déclinante » à qui « il faut des alliés ». Emmanuel Macron «ne pense pas que l'alliance avec la Chine soit durable »pour Moscou, car, ajoute-t-il, « l’hégémonie chinoise n’est pas compatible avec le sentiment de fierté russe. Donc je pense qu’il faut chercher les voies d’un partenariat européen. Moi, je ne suis pas pro-russe, je ne suis pas non plus anti-russe, je suis pro-européen. Et je pense que c’est aussi donner une option stratégique à la Russie qui a de la valeur pour nous. »
Affaiblissement de l’Occident
Emmanuel Macron a ensuite évoqué la tendance du repli américain sous Donald Trump estimant qu'il en résultait « un affaiblissement de l'Occident ». Il faisait référence à des propos tenus la veille par le président allemand Frank-Walter Steinmeier, lors de ce même forum à Munich. Ce dernier avait durement dénoncé l'égoïsme national propagé à ses yeux par Washington et déploré que les États-Unis placent leurs intérêts propres au-dessus de ceux de tous les autres, refusant même l’idée d’une communauté internationale.
En réponse, le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a cherché à rassurer les Européens : « Je suis heureux de confirmer qu'il est très exagéré de parler de la mort de l'alliance transatlantique. L'Occident est en train de gagner, et nous sommes en train de gagner ensemble. »
Mike Pompeo a aussi défendu la responsabilité mondiale des États-Unis, malgré les réticences européennes, assurant que les idéaux et les valeurs de l'Occident l'emporteraient sur les « désirs d'empire » de la Russie et de la Chine.