Le parquet rwandais a communiqué les conclusions de l’enquête du Rwanda Investigation Bureau sur la mort du chanteur Kizito Mihigo. Le rapport, très attendu, a conclu que l’asphyxie par pendaison était la cause « la plus probable » du décès.
Le parquet rwandais a communiqué ce mercredi 26 février les conclusions de l’enquête sur la mort du chanteur Kizito Mihigo, survenue le 17 février alors qu’il se trouvait en détention provisoire au poste de police de Remera, à Kigali.
L’enquête menée par le Rwanda Investigation Bureau, ainsi que le rapport d’autopsie ont conclu que la mort par asphyxie, suite à une pendaison, était « la cause la plus probable » du décès de l’artiste de 38 ans.
Ces résultats sont ainsi venus confirmer le premier bilan délivré par la police rwandaise lors de l’annonce du décès. Kizito Mihigo, dont les obsèques ont eu lieu samedi 22 février, avait été retrouvé pendu avec un drap à la fenêtre de la cellule, selon la police.
Interrogés par les enquêteurs, les policiers ont expliqué qu’ils n’avaient entendu aucun bruit pendant la nuit du décès, « car il y avait une certaine distance entre leur position et la cellule où se trouvait Kizito Mihigo ». Sur la base de ces éléments, le parquet a donc déclaré qu’il n’y avait « aucune base pour des accusations criminelles ».
Kizito Mihigo avait été arrêté le 13 février dans le district de Nyaraguru, dans le sud du Rwanda, alors qu’il tentait de se rendre au Burundi. Il était accusé de vouloir traverser la frontière pour rejoindre des groupes armés.
Inquiétudes et polémique
Depuis le décès de cette icône de la réconciliation, tombée en disgrâce en 2014, de nombreuses personnalités de l’opposition rwandaise en exil ont remis en cause la thèse du suicide et réclamé une enquête indépendante. Plusieurs ONG, dont Human Rights Watch, ont formulé le même message, de même que l’adjoint du secrétaire d’État américain en charge de l’Afrique, Tibor Nagy, qui avait noté « avec inquiétude la mort de Kizito Mihigo en détention et les références au suicide avant qu’une enquête ou une autopsie ne soit initiée par les autorités rwandaises ».
Les autorités rwandaises, qui n’ont pas officiellement communiqué sur l’affaire. Dans un tweet, Olivier Nduhungirehe, le secrétaire d’État aux affaires étrangères, a dénoncé « l’exploitation politicienne » du décès du chanteur « par les génocidaires, négationnistes, groupes armés et leurs suppôts étrangers ».
Ancienne star de la chanson liturgique au Rwanda, rescapé du génocide des Tutsi engagé sur les questions de réconciliation, Kizito Mihigo avait été accusé, en 2014, « d’entente en vue de commettre un assassinat, de complicité dans un acte terroriste et de conspiration contre le gouvernement ».
La justice rwandaise lui reprochait à l’époque d’entretenir des liens avec des groupes rebelles, dont le Rwanda National Congress (RNC) et les FDLR, et de « planifier de renverser le gouvernement ». Il avait été condamné en février 2015 à dix ans de prison mais avait bénéficié d’une libération anticipée, soumise à plusieurs conditions, en septembre 2018.