Les magistrats congolais ont entamé lundi à Kinshasa un mouvement de “grève illimitée” en République démocratique du Congo où ils réclament un salaire décent et de meilleures conditions du travail, a constaté une journaliste de l’AFP.
Des dizaines de magistrats ont pris d’assaut l’esplanade du palais de la justice durant une grande partie de la journée, faisant du bruit avec des couvercles de casserole. Aucune audience ne s’y est tenue.
“Les magistrats vivent dans une précarité indescriptible, nous réclamons l’exécution du tableau barémique que nous avons déposé auprès du gouvernement, nous exigeons un salaire décent et les conditions de travail acceptables”, a déclaré à l’AFP Shabani Watenda, trésorier général du Syndicat autonome des magistrats du Congo (Synamac).
En juillet, le Conseil supérieur de la magistrature avait transmis au gouvernement des propositions de salaire et avantages spécifiques à payer à chaque magistrat congolais. “Si le gouvernement ne s’exécute pas, nous serons dans la rue, c’est une grève illimitée”, a-t-il indiqué.
En RDC, de nombreux justiciables et des organisations de défense des droits de l’Homme accusent régulièrement la justice d‘être corrompue, lente et de rendre des jugements à la tête du client.En 2018, l’ancien président Joseph Kabila avait révoqué 250 magistrats accusés de corruption.
Pour le magistrat Serge Bashonga, il y a “mauvaise foi” des autorités, qui “sont les premières personnes à décrier que la justice ne marche pas, mais sans donner aux magistrats les moyens de faire le travail correctement”.
“Comment espérer lutter contre la corruption en paupérisant les magistrats. Nous vivons sans salaire décent, nous manquons même de papier, de stylos dans nos bureaux”, a encore indiqué ce substitut du procureur.
Lundi, le ministre de la justice a tenu une réunion avec des représentants des magistrats, a affirmé à l’AFP un responsable du service de communication de cet office, sans plus de détails.
Vendredi, le président Félix Tshisekedi a nommé des hauts magistrats au niveau de la Cour constitutionnelle, la cour de cassation et le conseil d’État.