Le Maroc a décidé de recourir à la chloroquine, un antipaludique bon marché, pour traiter les patients souffrant du nouveau coronavirus et s’est lancé dans la production de masques sanitaires, a-t-on appris mardi de sources officielles à Rabat.
Une circulaire du ministère marocain de la Santé, adressée lundi aux centres hospitaliers et aux directeurs régionaux de la Santé, annonce l’“introduction de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine (deux antipaludéens) dans la prise en charge thérapeutique des cas confirmés de Covid-19”.
“Des efforts ont été déployés afin d’assurer la disponibilité de ces médicaments”, ajoute le ministère qui appelle toutefois à une “gestion rationnelle des stocks”, dans cette note dont l’AFP a eu copie.
Rabat avait demandé la semaine dernière à la filiale marocaine du groupe français Sanofi de remettre tout son stock de Nivaquine et de Plaquenil, deux médicaments contenant de la chloroquine.
Pour établir un protocole thérapeutique pour le traitement de la maladie Covid-19, les autorités marocaines se sont concertées avec un comité technique et scientifique qui a préconisé une association chloroquine et azithromycine, un antibiotique macrolide, selon la note ministérielle.
Lundi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a cependant appelé à la prudence concernant la chloroquine, en raison notamment du faible nombre de patients traités jusqu‘à présent par ce biais.
Après une série d’essais en Chine, la France a décidé lundi d’administrer ce traitement aux malades souffrant de “formes graves” du nouveau coronavirus, mais pas aux formes “moins sévères”.
L’Algérie a annoncé lundi dans un communiqué officiel avoir adopté la chloroquine pour les “cas aigus” et relancé sa production locale.
De son côté, le Koweït a retiré des pharmacies privées tous les produits contenant de l’hydroxychloroquine et de la chloroquine pour les réserver aux centres hospitaliers, selon l’agence officielle KUNA.
Le président américain Donald Trump, lui, a évoqué cet antipaludéen comme un possible “don du ciel”.
Production de masques
Le ministre marocain des Transports, Abdelkader Amara, testé positif à la maladie Covid-19 le 14 mars au retour d’une mission en Europe, avait déjà confié prendre de la Nivaquine, un “médicament indiqué dans le traitement de la malaria, fabriqué au Maroc”.
“Mon état de santé et stable, je n’ai pas de fièvre, ni de symptômes respiratoires. Les maux de têtes ont quasiment disparu. Je ressens juste un peu de fatigue”, a déclaré le ministre, confiné chez lui, dans un entretien avec la chaîne de télévision Medi 1.
Le Maroc, qui a instauré l‘état d’urgence sanitaire depuis vendredi soir, compte à ce jour 170 cas officiellement déclarés, dont cinq décès et six rémissions, avec moins de 800 tests menés au total.
Le pays dispose de trois centres de dépistage et de 1.642 lits en réanimation pour 35 millions d’habitants.
Alors que la plupart des pharmacies du pays sont en rupture de masques, six usines de textile se sont reconverties et produisent deux millions de masques de protection par jour, dont des prototypes ont été testés au préalable par des laboratoires, a indiqué à l’AFP le ministre de l’Industrie Moulay Hafid Elalamy.
La seule usine de production d‘éthanol, fermée après un incendie, a par ailleurs été rénovée en urgence et pour fournir des volumes suffisants pour la fabrication de gel hydroalcoolique, selon la même source.