Alors que les déploiements se multiplient en Europe et vont débuter en France, les craintes suscitées par la 5G se renforcent en cette période de crise sanitaire. Pourtant, les dernières études officielles soulignent son innocuité en matière d'émission d'ondes.
La crise sanitaire actuelle pourrait ralentir le travail des opérateurs pour le déploiement de la 5G. En outre, celui-ci se fait dans un contexte de plus en plus tendu avec certains opposants. Antennes 5G dégradées aux Pays-Bas, incendiées au Royaume-Uni, manifestations en Suisse, ONG à l'attaque... L'opposition à la 5G, cette nouvelle technologie mobile actuellement déployée en Europe, est de plus en plus forte et est alimentée par la crise du coronavirus.
Quel est donc le rapport entre cette nouvelle technologie mobile et le virus? Certains complotistes font le lien entre l’apparition de l'épidémie et le déploiement des antennes 5G... Et ce discours trouve écho sur les réseaux sociaux et même auprès de certains médias.
En Grande-Bretagne, le géant des télécoms Vodafone, dont les techniciens sont agressés, évoque ''des théories cinglées du complot qui circulent sur internet''. La 5G cristallise encore et toujours les peurs, tout comme les réseaux précédents (4G, 3G) avec comme point central, la crainte d'émission d'ondes nocives. La situation sanitaire actuelle alimente donc encore plus ces peurs malgré le discours rassurant des opérateurs mais surtout des autorités sanitaires qui mènent des études sur la question.
La Suisse contrainte de ralentir
La pression sur ces questions de santé est si forte que la Suisse a été contrainte de ralentir le déploiement de la 5G sous la pression d'une partie de la population et de certains hommes politiques.
En France, les associations Agir pour l'Environnement et PRIARTEM ont déposé le 17 février un recours devant le Conseil d'État afin d'obtenir un moratoire sur la 5G qui représenterait un danger pour l'environnement et la santé.
Pas plus dangereux que le Wi-Fi
Mais à ce jour, ce risque n'a jamais été confirmé. En France, deux autorités indépendantes se penchent sur cette question. Il y a d'abord, l'Anses, l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail qui doit rendre un rapport final à la fin de l'année prochaine à la suite d'une saisine du gouvernement.
L'agence a néanmoins publié des conclusions préliminaires fin janvier qui ne constatent pas de danger par rapport à d'autres technologies radio comme le Wi-Fi présent dans quasiment tous les foyers.
A l'occasion de cette publication, le responsable de l’unité d’évaluation des risques liés aux agents physiques déclarait: ''Je ne vois donc pas en quoi les signaux de la 5G seraient fondamentalement différents et plus dangereux que ceux de la 4G. Même si la transmission des signaux s’effectue avec un autre codage, cela ne change pas grand-chose à l’interaction entre les champs électromagnétiques et le vivant. Ce qui interagit avec le corps humain, c’est l’onde électromagnétique, l’énergie transportée et la manière dont elle est déposée dans le corps : répétée, en continu, hachée… Sur ce point, la 5G ne sera pas différente de la 3G ou de la 4G''.
Elle indique ainsi: ''l'exposition à des fréquences de l’ordre de 3,5 GHz [la banque de fréquences qui sera la plus utilisée par les opérateurs, NDLR] est proche de l’exposition à des fréquences légèrement plus basses, par exemple 2,45 GHz, telles que celles utilisées pour les communications Wi-Fi''.
Et ces fréquences (2 GHz jusqu’à 10 GHz) sont encadrées par des limites réglementaires fixées au niveau international. La 5G qui sera déployée cette année en France est donc soumise aux mêmes limites d’exposition réglementaires que les autres technologies (2G, 3G et 4G).
Des premières mesures bien en-deçà des limites réglementaires
D'ailleurs, plus récemment, c'est l'ANFR, l'Agence nationale des fréquences qui a publié son étude basée sur des mesures d'émissions d'ondes issues de 43 sites 5G expérimentaux déjà déployés en France, encore une fois dans la bande des 3,5 Ghz.
''Les mesures ont été effectuées selon le protocole de mesures de l’ANFR en vigueur, avant et après allumage de sites représentant diverses configurations d’opérateurs, de constructeurs, de types d’antennes'', peut-on lire.
L'agence, dont l'expertise des protocoles techniques est reconnue, livre des conclusions qui laissent peu de place au doute. Une première série de mesures a été réalisée sans trafic puisqu’à la date de leur réalisation, les sites n’étaient pas ouverts à des abonnés. Ces résultats montrent que, sur 43 sites, le niveau moyen d’exposition s’établissait à 0,06 V/m, avec un niveau maximal de 0,36 V/m. Soit à des années lumière de la limite réglementaire fixée à 61 V/m dans cette bande de fréquences. ''Les niveaux d’exposition sont donc très faibles'', tranche l'ANFR.
Des mesures ont également été réalisées sur quelques sites dans des configurations inédites, notamment avec du trafic continu de données dans un faisceau artificiellement bloqué dans une direction donnée. ''Les résultats montrent une variation importante du niveau d’exposition en fonction de l’intensité de l’usage'', soit de 0,8 V/m lors de l'envoi d'un fichier à 8,3 V/m lors d'une émission en continu.
Les opérateurs doivent mieux communiquer
Rappelons néanmoins que la 5G exploitera également une autre bande de fréquences (26 Ghz) dont il faudra vérifier également l'éventuel danger ou innocuité.
Mais si le doute persiste chez certains Français, c'est aussi parce que ces informations sont peu connues ou peu relayées auprès du grand public car très techniques. Le régulateur des télécoms, l'Arcep, exhorte donc les opérateurs à communiquer massivement et simplement pour rassurer.
Une tâche ardue et mise en suspens en ces temps difficiles. De quoi laisser les théories les plus folles circuler bien plus vite que les faits. Rappelons qu'en théorie, le lancement commercial de la 5G en France est prévu cette année.