Elle a déposé plainte pour agression sexuelle contre le candidat démocrate à la présidentielle américaine, le jeudi 9 avril. Mais si Tara Reade affirme que Joe Biden a eu un comportement inapproprié envers elle au début des années 1990, l'affaire comporte nombre de zones d'ombres, a révélé le New York Times dans une enquête parue le dimanche 12 avril.
Les faits se seraient déroulés durant le printemps 1993, dans les sous-sols d'un bâtiment de Capitol Hill, à Washington. Tara Reade, 56 ans, affirme qu'à l'époque Joe Biden, alors sénateur, l'aurait plaquée contre un mur de l'institution. Il aurait ensuite soulevé sa jupe et l'aurait pénétrée avec ses doigts. ''Il me chuchotait à l'oreille et essayait de m'embrasser en même temps, et il disait : ''Veux-tu aller ailleurs ?'', précisait-elle récemment dans un article de l'agence Associated Press, dans lequel elle mentionnait l'incident. Je me souviens d'avoir voulu dire stop, mais je ne sais pas si je l'ai dit à haute voix ou si je l'ai juste pensé.''
Joe Biden aurait été ''choqué et surpris'' qu'elle le repousse. Déjà, en avril 2019, Tara Reade et sept autres femmes accusaient Joe Biden de les avoir touchées de manière inappropriée, notamment en les étreignant contre leur gré. L'ancienne assistante se souvient notamment qu'il aurait caressé sa nuque en public, aurait passé les mains dans ses cheveux et lui aurait demandé de ne pas ''s'habiller aussi sexy''. ''Quand il faisait ça, je m'immobilisais et j'attendais qu'il arrête'', confiait-elle il y a un an à The Union, un site d'actualités du comté de Nevada, en Californie, où elle réside. Mais, à l'époque, Tara Reade aurait eu ''peur'' de formuler une accusation d'agression sexuelle à son encontre.
''Ce qui est clair au sujet de cette plainte : elle est fausse''
Elle la mentionnera pour la première fois dans le podcast de la journaliste Katie Halper, diffusé le 25 mars dernier. Près de trois décennies après les faits présumés, Tara Reade a déposé plainte pour agression sexuelle le jeudi 9 avril, a révélé le New York Times dans une enquête parue le dimanche 12 avril. Si le nom de Biden n'est pas cité dans la partie du dossier accessible au public, Tara Reade a confirmé au journal qu'il s'agissait bien de lui. Son geste serait, selon elle, destiné à se protéger d'éventuelle menaces. Deux amis de Tara Reade et son frère ont, de leurs côtés, souligné qu'elle avait évoqué l'incident en leur présence. Le premier a tenu à rester anonyme. Il a confié à Associated Press, le dimanche 12 avril, qu'elle lui avait bien parlé de l'agression sexuelle en 1993. Le second, également anonyme, a rencontré Tara Reade plus de dix ans après les faits présumés, et affirme avoir eu une conversation avec elle en 2007 ou 2008 au sujet des accusations de harcèlement sexuel qu'elle porte aujourd'hui. Il ne fait cependant pas mention d'une éventuelle agression.
Tara Reade a également indiqué avoir, à l'époque, accusé Joe Biden de harcèlement sexuel - mais jamais d'agression sexuelle - au cours de plusieurs réunions avec ses supérieurs. Notamment avec Marianne Baker, alors chef de cabinet de l'ancien sénateur. Celle qui a travaillé durant vingt ans avec l'homme politique le dément, aujourd'hui, catégoriquement : ''Je n'ai jamais été témoin, et n'ai jamais entendu ou reçu de rapport concernant une conduite inappropriée, point - ni de la part de Mme Reade, ni de la part de quiconque'', a-t-elle déclaré dans un communiqué. Kate Bedingfield, la porte-parole actuelle du candidat démocrate à l'élection présidentielle, a, elle aussi, nié fermement ces allégations.
Elle a expliqué dans un communiqué envoyé à NBC que Joe Biden avait ''dédié sa vie publique à changer la culture et les lois autour des violences faites aux femmes''. ''Ce qui est clair au sujet de cette plainte : elle est fausse, a-t-elle ajouté. Cela n'est absolument pas arrivé.'' Mais dans son enquête, le New York Times affirme avoir interrogé une douzaine d'employés de Joe Biden et sept victimes présumées de gestes inappropriés. Aucune ne l'accuse d'agression sexuelle. Cependant, plusieurs d'entre elles ont affirmé croire au récit de Tara Reade. Le quotidien américain a également interrogé d'anciens collègues de la quinquagénaire. Ces derniers n'auraient aucun souvenir qu'elle ait fait mention d'un tel incident.
Par ailleurs, deux anciens stagiaires du bureau en question ont expliqué au quotidien américain qu'ils n'avaient jamais entendu parler de ces accusations. Même son de cloche de la part des cinq employés ou anciens employés de Joe Biden interrogés par Associated Press, le dimanche 12 avril. Ces derniers, parmi lesquels Dennis Toner, chef de cabinet adjoint de Joe Biden à l'époque, ne se rappellent pas avoir été informés d'un tel incident. Tara Reade a pourtant déclaré qu'elle avait alors rempli un rapport dans le bureau du personnel après son agression présumée. Mais elle n'aurait pas réussi à en obtenir une copie.
Des gestes inappropriés
Lucy Flores, ancienne députée du Nevada, avait elle aussi accusé Joe Biden de l'avoir embrassé et touchée de manière inappropriée durant un meeting de campagne en 2014, alors qu'il était vice-président au sein de l'administration Obama. Elle affirmait récemment dans les colonnes de The Cut : ''Biden ne se contente pas de câliner. Biden envahissait clairement l'espace des femmes sans leur consentement d'une manière qui les mettait mal à l'aise.'' Le principal intéressé avait alors promis de ''faire plus attention à respecter l'espace personnel des gens dans le futur''.