Un triple scrutin avait lieu au Burundi où la présidentielle a éclipsé les deux autres scrutins, des législatives et des communales. Sans grand suspens, le candidat du pouvoir est donné gagnant en raison de la mainmise de son parti sur l’État, cette élection était attendue car elle permet de tourner la page Pierre Nkurunziza, au pouvoir depuis 15 ans. Pourtant son ombre planait toujours au-dessus de ce vote.
Cultivatrice à Gitasi, dans la province de Ngozi, Charlotte Nizigimana est mère de 5 ans et a 35 ans. Elle ne cachait pas sa joie mercredi, juste après avoir voté pour Évariste Ndayishimiye, le dauphin du président Pierre Nkurunziza. Elle se devait dit-elle de suivre le choix de « celui qui a ramené la paix dans le pays ». « Je suis heureuse d’avoir voté pour Ndayishimiye, l’héritier que nous a donné le président Nkurunziza. Parce que aujourd’hui je vais accoucher à l’hôpital sans payer, mes enfants boivent le lait d’une vache qu’il nous a donné et ils mangent gratuitement à l’école, raconte la cultivatrice. Tout ça je le dois à Pierre Nkurunziza ».
D’un autre point de vue, un professeur de collège, témoigne en préférant garder l’anonymat pour éviter toute représailles de la part des Imbonerakure, les jeunes du parti au pouvoir que l’ONU accuse d’être une milice. « 15 ans de pouvoir Nkurunziza c’est trop », a-t-il lancé en dénonçant les dérives de son régime : corruption, rupture avec les bailleurs de fond, une économie en ruine... Sa principale crainte mercredi : la fraude électorale.
« Je suis inquiet à cause de la coupure des réseaux sociaux, sans doute pour cacher des fraudes, explique ce dernier. J’espère malgré tout que le changement va prévaloir car nous sommes fatigués après 15 ans de pouvoir Nkurunziza. J’ai voté pour le CNL d’Agathon Rwasa qui a de loin le meilleur projet politique et qui va apporter du sang neuf en politique ».
Accusation de « fraudes massives »
Le parti d’Agathon Rwasa, principal adversaire d'Évariste Ndayishimiye a dénoncé dès mercredi des « fraudes massives » dont des bourrages d’urnes, des votes multiples, et une véritables chasse-à-l ’homme contre ses mandataires, arrêts ou chassés par centaines des bureaux de vote. La Céni et la Police parlent de leur côté d’« élections qui se sont très bien déroulés, dans le calme et la tranquillité ».
Les Burundais ont commencé à s’impatienter ce jeudi matin en constatant que leurs médias publics et privés n’ont communiqué jusqu’ici aucun résultat provisoire.
Le président de la Céni, Pierre-Claver Kazihise, a appelé à la patience les Burundais, ce matin sur ces médias, en expliquant combien le processus de comptage est complexe. Il promet les premiers résultats provisoires lorsque les Commission électorales au niveau des communes auront fini de compiler les PV envoyés par les centres de vote de leur ressort.