Proche de Roch Marc Christian Kaboré, l’ex-ministre Jean-Claude Bouda a été placé en détention,inculpé notamment de « blanchiment de capitaux » et « enrichissement illicite ».
Ministre de la Jeunesse (2016-2017) puis de la Défense (2017-2018) du président Roch Marc Christian Kaboré, Jean-Claude Bouda a été « inculpé pour faux et usage de faux, blanchiment de capitaux, enrichissement illicite et délit d’apparence, et placé sous mandat de dépôt », mardi, a précisé une source judiciaire. Le « délit d’apparence » est constitué par le fait de mener un train de vie au-delà des ressources que l’on peut justifier.
Le Réseau national de lutte anticorruption (Ren-Lac), à l’origine de la procédure, a confirmé le mandat de dépôt contre Jean-Claude Bouda, précisant s’être constitué partie civile dans cette affaire. « Je tiens à informer l’opinion publique que suite à une plainte du Ren-Lac, je me suis mis à la disposition de la justice afin que la vérité soit manifestée dans les affaires me concernant », a réagi Bouda, mardi, sur son compte Facebook.
Proche de Kaboré
Il était visé depuis mai 2019 par une plainte du Ren-Lac, principalement pour « délit d’apparence, d’enrichissement illicite, fausse déclaration d’intérêts et de patrimoine et de délit d’acceptation de cadeau ». La plainte du Ren-Lac contre l’ancien ministre fait suite à l’inauguration en grande pompe dans sa ville natale de Manga (centre), en décembre 2018, d’une grosse villa estimée à plus de 350 millions de francs CFA (530 000 euros), moins de deux ans après son entrée au premier gouvernement du président Kaboré. Selon le Ren-Lac, cette villa ne figurait pas sur la déclaration des biens de Jean-Claude Bouda lors de son entrée au gouvernement en 2016.
Dans une lettre adressée en 2019 à l’autorité supérieure de contrôle de l’État et de lutte contre la corruption, Bouda a expliqué avoir construit cette résidence sur fonds propres et avec l’aide de nombreux proches parents dont il avait détaillé les contributions, avant d’assurer que sa construction n’avait coûté que 205 millions FCFA. Proche du président Kaboré, Jean-Claude Bouda est régulièrement cité par des journaux d’investigation dans diverses affaires de malversations et de détournement. Lors de son élection en 2015, le président burkinabé avait promis de lutter contre la corruption, les détournements de fonds publics et les malversations financières. Mais c’est la première fois qu’un ancien ministre est poursuivi pour ces faits.