Depuis six mois, Brice Laccruche Alihanga est incarcéré à la prison de Libreville. Après avoir tenu les rênes du pays, l’ancien directeur de cabinet du président Ali Bongo Ondimba est accusé de tous les maux.
Abattu. Le 13 décembre 2019, dans un couloir de la prison de Libreville, Brice Laccruche Alihanga a les épaules voûtées et l’air accablé. Arrêté dix jours plus tôt, l’ancien directeur de cabinet du président Ali Bongo Ondimba attend le bon vouloir des autorités pénitentiaires, qui s’apprêtent à l’envoyer en cellule. Cruelle image que celle de cet homme en survêtement vert qui, le front dans la main, paraît encore se demander comment il en est arrivé là.
Depuis plusieurs semaines, l’ancien banquier se savait en sursis. Il a senti l’étau se resserrer sur lui. La confiance du chef de l’État s’est étiolée, comme celle de son conseiller et fils, Noureddin Bongo Valentin, et de la première dame, Sylvia Bongo Ondimba.
Le couperet a fini par tomber, le 7 novembre 2019, avec son éviction du poste de directeur de cabinet. Le même jour, il a été nommé ministre chargé du Suivi de la stratégie des investissements humains et des objectifs de développement durable, mais la chute était amorcée.
Tentative de suicide
Six mois ont passé depuis son arrestation. Accusé, entre autres, de détournements de fonds publics et de blanchiment d’argent en relation avec le secteur pétrolier et la Gabon Oil Company (dont l’ancien administrateur, Christian Patrichi Tanasa, est incarcéré), l’ancien directeur de cabinet vit sa détention à l’isolement.
Affaibli, il a vainement tenté d’obtenir sa mise en liberté provisoire. Il clame son innocence, affirmant qu’il n’a jamais détourné d’argent public et qu’il n’avait pas la main sur les comptes de l’État, rôle dévolu aux directeurs du Budget et du Trésor. Mais les semaines passent sans que la perspective d’un procès ne semble se rapprocher.