Dans une décision rendue ce jeudi, la Chambre d'appel de la CPI a décidé de révoquer une partie des conditions de mise en liberté imposées à Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, toujours en attente de leur procès en appel pour crimes contre l’humanité. Cette nouvelle va une nouvelle fois bousculer la scène politique en Côte d’Ivoire.
Dans une décision rendue ce jeudi, la Chambre d'appel de la CPI a décidé de révoquer une partie des conditions de mise en liberté imposées à Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, toujours en attente de leur procès en appel pour crimes contre l’humanité. Cette nouvelle va une nouvelle fois bousculer la scène politique en Côte d’Ivoire.
Les deux hommes ne seront plus empêchés de se déplacer en dehors des limites de la municipalité dans laquelle ils résident. Ils n’auront plus à remettre au Greffe toutes les pièces d’identité dont ils disposent, en particulier leur passeport. Ils ne devront plus se présenter chaque semaine auprès des autorités de l’État d’accueil ou auprès du Greffe. Ils ne devront enfin plus se conformer à toute autre condition imposée par l’État dans lequel ils seront libérés. Les autres conditions restent en vigueur.
Concrètement, cela veut donc dire que Charles Blé Goudé et Laurent Gbagbo sont beaucoup plus libres de leurs mouvements qu’ils ne l’étaient auparavant. En clair, les deux hommes peuvent donc aller vivre dans un des 134 états parties au statut de Rome et donc en Côte d’Ivoire, à condition toutefois que les autorités du pays acceptent de les accueillir. Les avocats de l’ancien président ivoirien ont salué ce jeudi soir cette décision qu’ils qualifient d’excellente pour la défense et pour Laurent Gbagbo.
Attendus en Côte d'Ivoire par leurs partisans... et par la justice
La nouvelle sonne comme une victoire de plus pour les militants du Front populaire ivoirien, un an et demi après leur acquittement en première instance. Le fondateur du parti et ex-président Laurent Gbagbo et son électrique ministre de la Jeunesse Charles Blé Goudé n’ont toujours le droit de s’exprimer sur le dossier judiciaire en cours. Le duo politique est bien sûr tenu de répondre à toutes les convocations de l’instance internationale.
À l’image de leur acquittement en première instance en janvier 2019, cette nouvelle va secouer le jeu politique ivoirien, à seulement cinq mois de la présidentielle. Au sein du FPI, les inconditionnels de Gbagbo ont déjà lancé leur campagne d’inscription sur les listes électorales, après des années de boycott et de luttes intestines. La décision de la Cour pourrait aussi donner plus de poids à l’alliance avec le PDCI. L’intéressé toutefois n’a pas montré pour le moment de velléités de candidature. Quant à Charles Blé Goudé, qui a transformé son organisation, le COJEP, en parti politique l’an dernier, il ne cache pas ses ambitions politiques.
Perçue comme une libération définitive, cette décision est bien accueillie. Dix ans après la crise politique majeure qui a meurtri le pays, un mot est sur toutes les lèvres : réconciliation.
Mais la justice ivoirienne attend également de pied ferme les deux hommes politiques pour deux affaires dans lesquelles ils ont chacun été condamnés par contumace à vingt ans de prison. Celle dite du « braquage de la Banque BCEAO » pour Laurent Gbagbo, et une condamnation pour actes de torture, homicides volontaires et viol pour Charles Blé Goudé.