Les brouilles algéro-françaises sont comme le printemps. Elle ne durent jamais longtemps. Ceux qui s'attendaient à un rideau de fer qui allait être baissé entre Alger et Paris n'ont eu qu'un écran de fumée vite dissipé au bout d'une explication en tête-à-tête entre les présidents des deux pays.
Le coup de fil de Macron à Tebboune a fait retomber la tension, mais une fois de plus se vérifiait la formule du président Houari Boumediene: «Les relations entre la France et l'Algérie peuvent être bonnes ou mauvaises, elles ne peuvent être banales.»
Les brouilles algéro-françaises sont comme le printemps. Elle ne durent jamais longtemps. Ceux qui s'attendaient à un rideau de fer qui allait être baissé entre Alger et Paris n'ont eu qu'un écran de fumée vite dissipé au bout d'une explication en tête-à-tête entre les présidents des deux pays. Avant-hier soir, soit quelques heures après sa visite au ministère de la Défense nationale où il a haussé le ton contre les lobbies qui oseraient s'attaquer à l'Algérie et à son armée, le président, Abdelmadjid Tebboune a reçu une communication téléphonique de son homologue français, Emmanuel Macron. Laconique, le communiqué de la Présidence s'est contenté de généralités notant que les deux présidents «ont échangé sur les efforts consentis par chaque pays pour juguler la propagation de la pandémie de Covid-19». Si le communiqué ne s'est pas étalé sur les détails de l'entretien entre Macron et Tebboune, il est facile de deviner qu'ils ont largement abordé les questions qui enveniment depuis quelques semaines les relations entre les deux pays. Un signe que la politique des silences est révolue et les deux présidents ont décidé de s'expliquer de vive voix pour ne laisser aucune place à la surenchère.
Le document laisse entendre, par ailleurs, qu'il y a un accord sur plusieurs dossiers régionaux qui constituent des défis communs aux deux armées. Il s'agit du Sahel et de la Libye. «Evoquant la situation en Libye et dans les pays du Sahel au regard des souffrances de leurs peuples du fait des guerres et conflits, les deux présidents ont convenu d'une coordination pour y mettre un terme en oeuvrant au rétablissement de la sécurité et de la stabilité dans la région», note à ce propos le communiqué de la présidence de la République.
Les malentendus ont-ils été donc levés après plusieurs jours de boursouflures médiatiques? La semaine dernière, un coup de chaud a marqué les relations et l'Algérie a décidé de rappeler son ambassadeur à Paris pour protester contre la diffusion à la télévision publique française de documentaires sur le Hirak. Une avalanche de commentaires sur les réseaux sociaux a suivi ces documentaires très peu appréciés en Algérie. Pour les observateurs très au fait des relations algéro-françaises, cette communication téléphonique signera la fin de la brouille.
Attendu, lors du dernier Conseil des ministres à souffler sur les braises, Abdelmadjid Tebboune s'est diplomatiquement abstenu- et cela mérite d'être souligné - de cultiver démagogiquement la haine et d'entretenir ou de susciter les rancoeurs.
Le président de la République a souligné que l'intérêt accordé à la Mémoire nationale sous tous ses aspects n'était pas motivé par «des considérations conjoncturelles», mais qu'il s'agissait d'un devoir national sacré «ne tolérant aucun marchandage et qui restera en tête des préoccupations de l'Etat, afin d'immuniser la personnalité nationale». Mieux, Tebboune n'a pas omis de rendre hommage aux «citoyens français qui se sont soulevés contre la politique coloniale de leurs gouvernements». La différence est de taille entre le peuple français qui, dans sa majorité, a soutenu le combat des Algériens et l'ordre colonial condamnable. Aujourd'hui, la France est le deuxième partenaire économique de l'Algérie après la Chine.
Entre les deux pays ce sont 6 millions de citoyens qui vivent en France avec tout ce que cela implique comme liens sociaux culturels et impact économique.
Le coup de fil de Macron à Tebboune a fait retomber la tension, mais une fois de plus se vérifiait la formule du président Houari Boumediene: «Les relations entre la France et l'Algérie peuvent être bonnes ou mauvaises, elles ne peuvent être banales.» Entre les deux pays ce sont 58 ans de relations rythmées à coups de passion à la manière de la systole et de la diastole du rythme cardiaque. Des pics et des creux, l'électrocardiogramme n'est jamais plat. Une preuve que le coeur bat toujours. On retrouve là, au-delà des déclarations des dirigeants, la réalité palpable des relations vouées pour très longtemps encore à la passion, telles que peuvent en entretenir des couples amoureux, mais séparés éprouvant entre des crises d'exaspération, et parfois de colère, de subits accès de tendresse et d'émotion.