L'Organisation mondiale de la Santé a annoncé ce mercredi 3 juin la reprise des essais cliniques sur l'hydroxychloroquine, neuf jours après les avoir suspendus suite à la publication d'une étude dans la prestigieuse revue médicale The Lancet.
L'Organisation mondiale de la santé avait lancé fin avril des essais cliniques portant notamment sur l'hydroxychloroquine. Baptisés Solidarité, ils devaient permettre de trouver un traitement efficace contre le Covid-19. Un mois plus tard, l'autorité sanitaire mondiale annonçait la suspension des essais portant sur cet antipaludéen suite à la publication d'une étude dans la revue médicale The Lancet. Celle-ci jugeait inefficace, voire néfaste, le recours à la chloroquine ou à ses dérivés comme l'hydroxychloroquine contre le Covid-19. Cette suspension des essais devait permettre à l'OMS d'analyser les informations disponibles, et une décision était attendue à la mi-juin.
« Aucune raison de modifier le protocole »
L'organisation a finalement publié ses conclusions plus tôt que prévu. « Nous sommes maintenant assez confiants quant au fait de ne pas avoir constaté de différences dans la mortalité », a déclaré mercredi Soumya Swaminathan, scientifique en chef de l'OMS, au cours d'une conférence de presse virtuelle depuis le siège de l'organisation à Genève. Après analyse des « données disponibles sur la mortalité », les membres du Comité de sécurité et de suivi ont estimé « qu'il n'y a aucune raison de modifier le protocole » des essais cliniques, a insisté le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Le Groupe exécutif de l'essai Solidarité, qui représente les pays participants, « a reçu cette recommandation et approuvé la poursuite de toutes les dimensions des essais, y compris sur l'hydroxychloroquine », a-t-il dit. « Le Groupe exécutif communiquera avec les principaux chercheurs en charge de l'essai au sujet de la reprise de dimension hydroxychloroquine de l'essai », a-t-il détaillé.
The Lancet prend ses distances avec son étude controversée
Ces conclusions ont été rendues alors que la revue médicale The Lancet vient de prendre ses distances avec l'étude qu'elle avait publiée le 22 mai, en avertissant ses lecteurs qu'elle posait de nombreuses questions. Cette étude se fondait sur les données de 96 000 patients hospitalisés entre décembre et avril dans 671 hôpitaux, et comparait l'état de ceux qui ont reçu le traitement à celui des patients qui ne l'ont pas eu.
Mais de nombreux scientifiques avaient aussitôt émis des réserves sur ce travail, qu'ils considèrent ou non la chloroquine et ses dérivés comme un traitement valable face à l'épidémie de Covid-19. Au centre des interrogations, l'énorme base de données nécessaire à l'étude et l'entreprise qui l'a constituée, Surgisphere. La direction du Lancet a déclaré avoir lancé un audit indépendant pour attester de la qualité ou non de ces données. L'article n'a donc pas encore été rétracté, mais cela serait terrible pour l'image de la revue qui fait partie des quatre grandes publications de référence.