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RDC : La soif politique de Koffi Olomidé
Jadis et naguère discret sur les questions ayant trait à la chose publique, le célèbre musicien de RDC Koffi Olomidé se prononce désormais de plus en plus sur les sujets politiques. Pas des moindres.

Classé parmi les artsites musiciens les plus riches de RDC, Koffi Olomidé s’offusque tout de même que les acteurs politiques de son pays soient engraissés par l‘État au détriment du peuple.

« Le Président du Sénat toucherait 100 000 dollars (près de 55 millions de francs CFA, NDLR) par mois. Si c’est vrai, est-ce que ça ne le gêne pas quand il reçoit cette somme ? », s’est récemment exclamé le « Roi » de la rumba cité par le site local mbote.cd. Et de poursuivre : « Si ça ne le gêne pas, c’est qu’il n’a pas l’amour du pays ».

L’amour pour le pays, cet ingrédient essentiel pour le développement d’un pays, c’est ce qui semble manquer dans une RDC considérée comme un véritable scandale géologique, mais où le taux de chômage titille les 84 % de la population active, selon une récente étude de l’Agence nationale pour la promotion des investissements (ANAPI). Et d’après la Banque mondiale, 8 Congolais sur 10 vivent en deçà du seuil de pauvreté.

Une réalité que Koffi Olomidé a vécue pendant de longues années sous le régime de Mobutu que des observateurs ont marqué du sceau de kleptocratie.

Et durant cette période, l’artiste musicien aux mille surnoms (Acramogé, Mukulukulu, Le Rambo, etc.) n’avait jamais daigné, même aux émissions de Télé Zaïre dont « Nganda ya banganga » (retrouvailles des sorciers) de Bolowa Bonzakwa, se prononcer publiquement sur la situation socio-économique du Zaïre.

Antoine Christophe Agbepa Mumba (son nom à l‘état-civil) se contentait plutôt, en tant que « prisonnier d’amour », comme il le fit savoir en 1990 dans l’album « Les prisonniers dorment », de composer des chansons d’un romantisme indicible au point de subjuguer toute la gente féminine ou presque du Zaïre, de l’actuelle RDC, et même de toute l’Afrique.

Bientôt acteur lui aussi ?

Après l‘ère Mobutu, le « Treizième apôtre » s’illustre en soutenant ostensiblement par des dédicaces dans les compositions ou en agrémentant des événements tels que les mariages, des célébrités africaines dont le président rwandais Paul Kagame. « C’est un plaisir pour moi de soutenir la candidature du président Paul Kagame pendant cette campagne électorale », déclarait-il en juillet 2010 à la veille de campagne pour la présidentielle au Rwanda.

Mais à mesure que le temps s‘écoule et qu’il est quasiment sur le point de produire son chant du cygne, le fils de « Maman Amy » âgé de 64 ans, s’invite de plus en plus en politique.

L’année dernière, alors que la fameuse machine à voter faisait couler beaucoup d’encre et de salive au sein de l‘élite congolaise, Koffi avait sévèrement critiqué ce dispositif inventé en Corée du Sud. Au point de même s’attirer les foudres d’un éditorialiste d’un organe de presse public qui avait pondu un violent réquisitoire à charge contre le natif de Kisangani.

Il y a une semaine, Koffi affirmait sans détour dans une émission télévisée son désir d’assumer la prestigieuse fonction de directeur de cabinet du président Tshisekedi vu les ennuis judiciaires de Vital Kamerhe, l’actuel occupant du poste. « Koffi peut aussi être directeur de cabinet. Qu’on me confie cette tâche, vous constaterez qu’un travail de qualité se fera. Qu’on dépolitise ce poste en le confiant aux technocrates », déclarait le Grand Mopao en lingala.

S’il faut continuer de douter de ses intentions politiques, tout porte à croire que Papa Bonheur est étranglé par une soif de la politique telle qu’il pourrait cesser d‘être observateur pour devenir lui aussi acteur. Et ce ne sont pas les outils intellectuels qui feront défaut au diplômé en sciences commerciales d’une université de Bordeaux en 1980.

Reste à savoir si la politique lui réussira autant que la musique lui aura souri pendant plus de 40 ans.

Source: Africanews