Le président camerounais a procédé à la nomination de nouveaux membres au sein du Conseil supérieur de la magistrature. Une réorganisation marquée par un rajeunissement des membres, ainsi qu’une ouverture inédite à l’opposition.
Bientôt la tenue d’une nouvelle session du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) ? La récente nomination de nouveaux membres au sein de cette instance semble indiquer la fin imminente d’un immobilisme observé pendant trois ans, au mépris des textes qui prévoient un minimum de deux sessions par an, respectivement en juin et décembre. La refonte de la composition du CSM, décrétée lundi par le président camerounais, a permis de remplacer des membres décédés, mais aussi de concéder une ouverture inédite à l’opposition.
Paul Biya a notamment nommé au poste de secrétaire permanent du Conseil l’actuel président de la section civile de la chambre judiciaire, le magistrat Abel Minko Minko. Il y prend le siège de Foumane Akame, resté vacant depuis son décès, le 19 janvier 2019.
Le choix de Bengono Essomba
Trois membres titulaires sur sept, tous désignés par l’Assemblée nationale, ont également fait leur entrée dans cette institution dont le rôle est d’assister le président de la République dans la gestion des affaires liées à la magistrature.
Il s’agit des députés Ali Mamoudou, Marlyse Toute Soppo et Bengono Essomba. Le choix de ce dernier, un cadre du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) réputé pour ses positions dures vis-à-vis des opposants à Paul Biya, apparaît comme une reconnaissance pour son engagement politique.
Bengono Essomba s’était notamment fait remarquer à la mi-mai 2019, pour ses propos controversés sur le nombre de morts enregistrés dans la crise anglophone du Cameroun. « Nous ne comptons pas les morts, nous comptons les Camerounais actifs tous les jours qui suent sang et eau pour que ce peuple vivent », avait-il notamment déclaré, provoquant une vive polémique.
Une opposante fait son entrée
Mais la principale surprise est intervenue dans la désignation des trois nouveaux membres suppléants du CSM. En plus des députés RPDC Abe Mikhael Ndra et Goni Mariam, la députée de l’opposition Ngo Issi Rolande, cadre du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN, de Cabral Libii), a en effet fait son entrée au sein de l’institution. Une désignation inédite, aucun membre d’un parti d’opposition n’ayant jusque-là eu ces honneurs, qui semble marquer un rapprochement entre le PCRN et le pouvoir de Yaoundé.
Les nouveaux membres du Conseil désignés par l’Assemblée nationale rejoignent des vétérans, choisis par la Cour suprême et par le président de la République, à l’image de l’ancien vice-Premier ministre Amadou Ali, reconduit à son poste de membre suppléant désigné par le président.
Les nouveaux membres sont désignés pour un mandat de cinq ans. Lors de sa prochaine session, le Conseil devrait examiner des dossiers brûlants laissés en jachère, dont l’intégration des jeunes auditeurs de justice et le remplacement des magistrats décédés ou partis à la retraite.
La liste complète des nominations :
Secrétaire général du Conseil supérieur de la magistrature : Minko Minko Abel (magistrat hors- hiérarchie 1er groupe)
Personnalités désignées par l’Assemblée nationale : Essomba Bengono Engelbert Alain ; Ali Mamouda ; Soppo Toute Marlyse
Personnalités désignées par la Cour suprême : Mekoulou Cunégonde Christine Epse Ngotry ; Fofung Nabun Epse Wacka ; Manga Moukouri Isaac ; Ntyam Ondo Epse Mengue Me Zomo ; Njumbe Ernest Njumbe ; Oumarou Abdou
Personnalités nommées par le président de la République : Amadou Ali ; Ekono Nna Albert
Membres suppléants : Abe Mikhael Ndra ; Goni Mariam ; Ngo Issi Rolande Adèle