La plateforme vidéo est accusée d'exercer un trop grand pouvoir sur les contenus vidéos et la façon de les monétiser.
Plusieurs créateurs de contenus Afro-Américains ont décidé de passer à l'attaque contre la plateforme vidéo de Google. Les plaignants ''intentent ce procès pour réparer les discriminations raciales systématiques, ouvertes et intentionnelles perpétrées par Google/YouTube'', déclarent-ils en préambule de leur dossier de plus de 200 pages, déposé mardi dans une cour fédérale californienne. Kimberly Carleste Newman, Lisa Cabrera, Catherine Jones et Denotra Nicole Lewis considèrent que la plateforme exerce un pouvoir démesuré sur les contenus vidéos disponibles et sur la façon d'en tirer des revenus.
Le modèle économique de YouTube, comme la plupart des réseaux sociaux, repose sur un ciblage publicitaire très fin et à très grande échelle. Les prix payé par les annonceurs et les montants perçus par les créateurs dépendent de nombreux paramètres, dont le nombre d'abonnés à une chaîne ou le nombre de vues par vidéo. La filiale du groupe américain ''divise les contenus vidéos en fonction de l'ethnie, de l'identité et des points de vue afin de vendre des publicités à des tiers, sans s'occuper des contenus'', argumentent les plaignants.
La plateforme ''monétise les créateurs dont les abonnés et le public tombent dans la 'bonne démographie' et leur verse des millions de dollars tous les mois, que ces individus se conforment aux règles du réseau ou non'', ajoutent-ils. Google n'a pas répondu à une requête de l'Agence France-Presse dans l'immédiat. Chacun des quatre créateurs accuse en outre YouTube d'avoir retiré des vidéos, voire même leur chaîne, sans raison valable ou sans raison tout court.
Google s'engage
L'action en justice survient dans un contexte de tensions sur les questions d'égalité raciale aux Etats-Unis. Des centaines de milliers de personnes se sont mobilisées dans la rue et sur les réseaux sociaux, pour protester contre les violences policières et le racisme systémique, depuis le meurtre de George Floyd, un Afro-Américain, par un policier blanc. En réaction, certaines autorités ont lancé des réformes et de nombreuses entreprises ont affiché leur solidarité avec des dons, des initiatives concrètes et des promesses de recruter une main d'oeuvre plus diverse.
Google, notamment, a annoncé mercredi le versement de 275 millions de dollars à différentes causes permettant de lutter contre la discrimination raciale, dont 100 millions déjà promis par YouTube pour soutenir les artistes noirs. Dans le passé, la plateforme a déjà répondu à des accusations de discrimination (contre les LGBTQ, par exemple) en les niant en bloc, qu'il s'agisse des systèmes automatisés pour la publicité ou la modération des contenus. Le contexte très particulier de cette plainte pourrait déclencher une nouvelle réaction.