Pierre Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005, serait décédé hier lundi officiellement des suites d'un « arrêt cardiaque », annonce le gouvernement, qui a décrété un deuil national de 7 jours.
Pierre Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005, serait décédé hier lundi officiellement des suites d'un « arrêt cardiaque », annonce le gouvernement, qui a décrété un deuil national de 7 jours.
Malaise
Tout aurait commencé dans la nuit de samedi à dimanche, le chef de l'État « a senti un malaise et s'est vite rendu à l'hôpital de Karuzi pour se faire soigner ». Mais si, selon le communiqué officiel, « son état de santé s'est amélioré » le dimanche, il a été victime d'un arrêt cardiaque dans la matinée du lundi.
« Une réanimation immédiate a été entreprise par une équipe multidisciplinaire de médecins pendant plusieurs heures avec une assistance cardio-respiratoire », précise le gouvernement burundais. Mais « l'équipe médicale n'a pu récupérer le patient ».
Président du Burundi par ''volonté divine''
Pierre Nkurunziza est né le 18 décembre 1964 dans une famille aisée. En 1972, son père, député, est tué lors de massacres interethniques qui déciment l'élite hutu. « Nkurunziza, comme la plupart des dirigeants de la rébellion des FDD » formée au début de la longue guerre civile (1993-2006), « est un orphelin de 1972 », explique un haut fonctionnaire. À la sortie du lycée, il veut devenir officier ou économiste : impossible, du fait des restrictions contre les Hutus instaurées par le pouvoir tutsi d'alors. En 1991, il devient finalement professeur d'éducation physique.
Il rejoint la rébellion en 1995. Gravement blessé, il survit quatre mois dans des marécages. De là date sa conversion à l'évangélisme, car Dieu, dit-il, lui serait apparu pour lui annoncer qu'il dirigerait un jour le Burundi. « Nkurunziza croit en effet qu'il est président de la République de par la volonté divine'' et ''organise donc toute sa vie et sa gouvernance » en conséquence, confirme son porte-parole. Chaque année, lors de grandes ''croisades de prières'', le président et son épouse, pasteur évangéliste, prêchent devant les citoyens et hauts responsables du pays.
Alexis Sinduhije, opposant en exil, ne croit pas à cette piété affichée : « La pauvreté s'est accrue, les violations des droits de l'homme sont la règle et la corruption s'est généralisée depuis que Nkurunziza est au pouvoir. » Critiqué par l'opposition qui juge un troisième mandat anticonstitutionnel, le président est aujourd'hui contesté jusque dans les rangs de son parti, le Cndd-FDD, qui l'a désigné candidat à la présidentielle fin avril. Quelque 130 cadres supérieurs du parti se sont publiquement opposés à un troisième mandat. Tous ont perdu leurs postes, certains se retrouvant en prison, d'autres choisissant la clandestinité car craignant pour leur vie. « Sous ses dehors de gentil [...], c'est un homme impitoyable », résume un ex-proche du président.
Quoiqu'il arrive, Pierre Nkurunziza s'est maintenu au pouvoir jusqu'au bout. Ironie de l'histoire, son candidat et ami, Évariste Ndayishimiye, a été proclamé le 25 mai vainqueur de l'élection présidentielle du 20 mai, un résultat immédiatement qualifié de ''mascarade électorale'' par le parti de son principal adversaire Agathon Rwasa. Pierre Nkurunziza devait passer le pouvoir au président nouvellement élu au mois d'août.