Le Premier ministre équato-guinéen Pascual Obama Asué a accusé, devant le Sénat, la représentante de l'OMS d'avoir ''falsifié les données de personnes contaminées'' par le Covid-19.
Le Premier ministre de la Guinée Equatoriale a exigé le départ de la représentante de l'Organisation mondiale de la santé, qu'il accuse de ''gonfler le bilan'' du coronavirus. ''Nous n'avons pas de problème avec l'OMS, nous avons un problème avec la représentante de l'OMS à Malabo'', a-t-il ajouté au cours d'une session retransmise par la télévision d'Etat. ''Le gouvernement a demandé qu'elle parte, nous avons reçu un procès-verbal dans ce sens, elle est accusée d'avoir falsifié les données de Covid-19'', a confirmé le 2 juin 2020 à l'AFP un responsable du bureau des Nations unies à Malabo, sous couvert de l'anonymat, tout en refusant de commenter cette accusation.
''Le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération de la Guinée équatoriale a l'honneur de demander au bureau régional de l'OMS pour l'Afrique de mettre un terme aux fonctions du Dr Triphonie Nkurunziza (..) et de veiller immédiatement à son départ de Malabo'' --- ministère des Affaires étrangères de Guinée Equatoriale à l'AFP
Mme Nkurunziza n'aurait pas encore quitté Malabo parce qu'il n'y a pour l'heure aucun vol le lui permettant. Les frontières terrestres (Cameroun, Gabon) et aériennes sont fermées depuis le 13 mars 2020.
Dans ce petit pays pétrolier d'Afrique centrale, dirigé d'une main de fer par le président Teodoro Obiang Nguema depuis quarante ans, le gouvernement a affirmé qu'il y a 1 306 cas connus de coronavirus et 12 morts, début juin, pour 1,3 million d'habitants.
Divergence sur les chiffres
Les autorités ont arrêté de mettre ce bilan à jour quotidiennement depuis le 28 avril, l'actualisant seulement de temps à autre. Les chiffres avancés par l'OMS ont, parfois, dépassé ceux de Malabo depuis le début de l'épidémie, même s'ils sont redevenus identiques à ce jour.
''Si l'OMS arrête de donner les chiffres du Covid-19, il sera difficile d'avoir les vraies données sur l'évolution de la pandémie en Guinée Equatoriale'', a commenté dans un tweet le site d'informations Radio Macuto, basé en Espagne et proche de l'opposition.
Les divergences entres les autorités politiques et l'OMS sont récurrentes. ''Il y a dans certains pays des retards de notification dans la validation et la transmission par les ministères de la Santé'', expliquait en avril 2020 le docteur Michel Yao, responsable des opérations d'urgence pour l'Afrique de l'OMS. De plus, seuls les cas graves qui arrivent à l’hôpital sont testés et recensés (quand les tests sont disponibles), c’est-à-dire, au final, un faible pourcentage des contaminés.
De plus, officiellement, c’est au ministère de la Santé de donner les chiffres officiels, mais l’OMS fait un recensement parallèle qu’elle transmet au siège de l’organisation et des divergences peuvent apparaître. Surtout que certains gouvernements préfèrent minimiser la gravité de l’épidémie.