Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a déclaré samedi attendre des excuses de la France pour la colonisation de l'Algérie et estimé que son homologue Emmanuel Macron pouvait « apaiser la situation ».
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a déclaré samedi attendre des excuses de la France pour la colonisation de l'Algérie et estimé que son homologue Emmanuel Macron pouvait « apaiser la situation ».
Interrogé lors d'une interview à la chaîne internationale France 24 sur d'éventuelles excuses de Paris, Abdelmadjid Tebboune a répondu : « On a déjà reçu des demi-excuses. Il faut faire un autre pas […] On le souhaite ». « Cela va permettre d'apaiser le climat et le rendre plus serein pour des relations économiques, pour des relations culturelles, pour des relations de voisinage », poursuit-il en rappelant que plus de six millions d'Algériens vivent en France et qu'ils « peuvent emmener quelque chose là-bas et ici ».
La France a fait un geste fort d'apaisement en matière de mémoire en restituant vendredi les restes de 24 combattants algériens tués au début de la colonisation française au XIXe siècle.
24 crânes de combattants algériens enterrés ce dimanche
L'Algérie enterre ces restes ce dimanche, jour anniversaire de son indépendance, dans le carré des « martyrs » à Alger.
Les 24 crânes seront inhumés lors d'obsèques solennelles au cimetière d'El Alia, le plus grand d'Algérie, en présence du président Abdelmadjid Tebboune. Situé dans la banlieue est d'Alger, il abrite le carré des « martyrs de la Révolution algérienne », où reposent l'émir Abdelkader, héros de la première résistance anti-française, les grandes figures de la guerre d'indépendance (1954-1962) et les anciens chefs d'Etat.
Cette restitution offre une détente dans les relations entre l'Algérie et l'ancienne puissance coloniale, marquées depuis l'indépendance en 1962 par des polémiques récurrentes et des crispations.
« Macron est quelqu'un de très honnête »
« Je trouve qu'avec le président Macron nous pouvons aller loin dans l'apaisement, dans le règlement du problème de la mémoire », estime le président Tebboune. « C'est quelqu'un de très honnête, qui veut apaiser la situation (...) et permettre à nos relations de retrouver leur niveau naturel », a-t-il poursuivi, le qualifiant aussi de « très sincère », « très propre du point de vue historique ».
Lors d'une visite à Alger en décembre 2017, le président français Emmanuel Macron s'était engagé à restituer les restes humains algériens entreposés au Musée de l'Homme. La même année, mais avant son élection, il avait qualifié à Alger la colonisation de l'Algérie de « crime contre l'humanité ».
La question mémorielle reste au cœur des relations volatiles entre la France et l'Algérie, où la perception est que la France ne fait pas assez pour solder son passé colonial.